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Revue de presse

L’actualité des idées du vendredi 13 novembre

Octave Larmagnac-Matheron publié le 13 novembre 2020 7 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Au programme, cette semaine : dix-sept réactions de philosophes à l’élection américaine, un plaidoyer pour une philosophie du Bitcoin, une méditation sur la pluralité des identités noires, une attaque contre l’idée d’une mémoire de l’univers, une ode à la philosophie dans l’espace public, une critique de l’hégémonie de la pensée décolonisée dans l’université française, et une analyse de la violence systémique de nos sociétés.

 

  • Quelles leçons tirer de l’élection présidentielle américaine ? Le site Daily Nous (en anglais) a posé la question à dix-sept philosophes, qui livrent une série de contributions brèves et percutantes, parfois en désaccord. José Jorge Mendoza s’interroge, par exemple, sur le sens du vote des Latinos – auprès desquels, malgré sa défaite, Trump a rencontré un succès inattendu. Gina Schouten plaide, de son côté, pour un retour de la « délibération démocratique », quand Adam Hosein appelle le nouveau pouvoir à prendre un virage à gauche. Alex Guererro et Regina Rini, quant à eux, questionnent les enjeux épidémiques qui se posent à un monde frappé du sceau trumpien de la post-vérité et du mensonge. Et ce ne sont là que quelques directions abordées tirées de cette compilation singulière de réactions prises sur le vif.

Pourquoi c’est à lire ? Parce que l’élection américaine est l’un des événements les plus importants de cette fin d’année. Un peu partout dans les médias, les intellectuels se sont exprimés (citons, au moins, la contribution de Judith Butler dans AOC). Ce « recueil » donne à voir la pluralité des perspectives qui s’ouvrent avec la défaite de Trump. 

 

  • « Nous avons commencé à nous demander ce que la philosophie avait à voir avec le Bitcoin. Une meilleure question serait la suivante : comment pourrions nous envisager penser le Bitcoin sans faire de philosophie ? » C’est ainsi que les philosophes Andrew Bailey, Bradley Rettler et Craig Warmke résument l’essai consacré à la plus célèbre des cryptomonnaies – dont la valeur atteint des records – publié sur Coindesk (en anglais). En effet, le Bitcoin n’est selon eux aucunement un objet réservé aux ingénieurs : nous avons besoin de philosophie pour penser l’ontologie des monnaies virtuelles, et la nature des échanges qu’elles permettent, à la croisée du réel et du virtuel. Seule la philosophie se demande ce que sont les choses.

Pourquoi ça vaut le détour ? Parce que l’on peut philosopher sur tous les sujets – Bailey, Rettler et Warmke en donnent la preuve. Laisser les sujets techniques aux seuls techniciens, c’est renoncer à penser les implications politiques et éthiques des innovations technologiques.

 

  • « La blanchité ne vaut pas ce qu’elle valait auparavant. Sa valeur diminue globalement. » Et plus généralement la « race », en tant que « principe de pouvoir et de différenciation », « a perdu une grande partie de sa crédibilité. » Telle était l’analyse de Paul Gilroy, l’un des sociologues britanniques les plus importants, dans un ouvrage paru il y a vingt ans, Against Race (Harvard University Press, 2001). Il revient sur cette thèse dans un entretien accordé à The Nation (en anglais). Selon lui, « Les gens qui […] veulent imposer une sorte d’analyse dualiste, qui considèrent les Noirs comme uniformément opprimés, victimes du pouvoir uniforme des Blancs, doivent réfléchir un peu plus à ce qui se passe réellement », aux États-Unis comme au Royaume-Uni. Certains Noirs votent pour Trump et apportent leur soutien aux conservateurs ; certains sont séduits par le néolibéralisme et voient dans la persistance de l’analyse en termes de races un obstacle pour que les Noirs « deviennent des individus » à part entière. Bref, en matière d’identité, la réalité est infiniment plus nuancée et complexe que les discours. Et les cartes sont sans cesse redistribuées.

Pourquoi c’est pertinent ? Parce que Gilroy s’oppose aux généralisations qui réduisent le monde à des oppositions monolithiques. 

 

  • L’univers se souviendra-t-il de nous après notre mort ? Peut-être : bien des scientifiques soulignent en effet que « l’information ne disparaît jamais, pas même dans les trous noirs. » Cependant, comme l’explique le journaliste John Hoggan dans le Scientific American (en anglais), rien ne prouve, ultimement, cette conservation éternelle de l’information. Spéculer que tel est le cas relève, au fond, d’un vœu pieux, d’un espoir face à l’angoisse de notre propre disparition, qui relève presque de la théologie. Supposer la survie de l’information fait en effet signe vers un « esprit universel » qui serait le dépositaire de la totalité de cette mémoire. Une sorte de dieu. La réalité est, sans doute, plus terrible. Du moins, il est possible qu’elle soit beaucoup plus terrible, et il nous est impossible d’écarter totalement la possibilité qu’un jour, « nos œuvres de science, de mathématiques, de philosophie, d’art, de musique et même de journalisme retombent dans le vide d’où elles sont venues. Que tout ce que nous avons pensé et fait soit aboli. » Être pleinement humain, c’est vivre avec l’angoisse de cette possibilité.

Pourquoi on vous le conseille ? Parce que les scientifiques sont des hommes, et non des êtres purement rationnels et insensibles : ils sont soumis aux mêmes angoisses existentielles que tout le monde. Et parfois, cette part affective s’immisce dans leurs recherches. 

 

  • Les concepts de « race » et de « genre » sont-ils pertinents dans les sciences sociales ? C’est la questions posée, dans un essai en quatre parties publié sur Nonfiction, par le linguiste François Rastier. Celui-ci prend le contrepied de l’idée que la recherche française serait « en retard » sur ces questions et leur accorderait une place mineure : en réalité, les Cultural Studies bénéficient d’un soutien considérable de la part du CNRS comme de l’Agence nationale pour la recherche. Ce que regrette Rastier : « Loin de lutter contre l’oppression, les études décoloniales la reconduisent tant par leur inanité scientifique que par leur agressivité académique » ; elles introduisent, dans le champ de la recherche, des clivages idéologiques qui « font fi de la complexité des objets de recherche, des principes méthodologiques, sans même évoquer les normes du discours rationnel. » C’est que, pour le linguiste, le discours décolonisé est fondé sur avant tout sur l’affect : « En mêlant race, sexe et violence, il utilise les ressources éprouvées du pathos pour faire appel aux émotions primaires, le désir et la haine, unies par une violence qui s’oppose à toute distance critique, pour créer un effet de fascination. »

Pourquoi c’est intéressant ? Parce que Rastier, que l’on soit d’accord avec lui ou pas, prend pied dans une polémique qui divise profondément le monde universitaire. Le 31 octobre, une tribune publiée dans Le Monde demandait de « mettre en place des mesures de détection des dérives islamistes » au sein de l’université. Contre-tribune, quelques jours plus tard, affirmant que « la théorie décoloniale ne constitue pas un repaire d’islamo-gauchistes. »

 

  • Régulièrement, les philosophes prennent la parole dans les médias. Existe-t-il, pour autant, quelque chose comme une « philosophie publique », clairement distincte d’une « philosophie académique » ? « Je ne suis pas convaincue par cette distinction », affirme la philosophe Becca Rothfeld sur le site de l’Oxford Public Philosophy (en anglais). « Si une telle distinction existe, elle est accidentelle » : pendant des siècles, bien avant la constitution des universités, le philosophe avait en effet toute sa place dans la cité. Platon et Aristote les premiers ne concevaient pas leur travail de réflexion comme un discours réservé à un cercle étroit de chercheurs, mais bien plutôt comme un discours qui prenait tout son sens dans l’espace public. Il nous incombe, selon Rothfeld, de revaloriser cette dimension publique inhérente à la philosophie, de faire en sorte qu’elle soit, à nouveau, « adéquatement humaine ». La philosophie, en effet, peut intéresser tout le monde : elle parle de « nos actes et de nos émotions les plus intimes ».

Pourquoi c’est stimulant ? Parce que Rothfeld s’efforce de rompre avec l’image de la philosophie comme une discipline poussiéreuse et élitiste, et cherche à lui redonner toute la vigueur, toute sa capacité à éclairer l’existence humaine.

Paralipomena

◉ Dans Le Nouvel Observateur, Avitall Ronell douche l’enthousiasme suscité par l’éviction de Trump de la Maison Blanche : « Nous sommes toujours aux prises avec les co-morbidités persistantes de la pandémie et de Trump… Trump a au moins un point commun avec la fatalité du Covid : on n’est jamais certain d’en être débarrassé. Son culte de la mort ne peut pas disparaître d’un coup. » Et de proposer de réactiver la procédure d’ostracisme utilisée dans l’Athènes démocratique contre ceux qui étaient soupçonnés d’ambition tyrannique. « Il faudrait ostraciser Donald Trump et sa horde destructrice, avec une précision violente et une détermination implacable. On a le droit de rêver ! » ◉ « J’ai été choqué qu’on fasse des procès à des ministres alors que la crise n’est pas terminée », a déclaré hier Étienne Klein sur LCI, faisant référence à la commission d’enquête parlementaire dont les travaux ont commencé le 16 juin dernier. « Je trouve que le ministre Olivier Véran est très courageux, il faut imaginer la vie qu’il a en ce moment », s’est-il même ému. ◉ Dans un entretien accordé au Point paru hier, Marylin Maeso évoque Camus, Fanon… et Gandalf, le sorcier du Seigneur des anneaux. À la question « Comment conserver une certaine joie de vivre ? », elle répond par cette citation des adaptations de Peter Jackson : « Certains pensent que seul un immense pouvoir peut tenir le mal en respect. Mais ce n'est pas ce que j’ai appris. J’ai appris que c’étaient les petites choses, les actions quotidiennes effectuées par des gens ordinaires, qui maintiennent les ténèbres à distance. » ◉

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