Mark Alizart : “Le Bitcoin s’inscrit dans le grand mouvement d’émancipation qui caractérise la modernité”
Dimanche 21 février dernier, le cours du Bitcoin atteignait 50 000 dollars. Un record historique pour la célèbre monnaie virtuelle, mise à disposition du public en 2009 à la suite de la crise financière dans l’espoir de contrer les effets délétères de marchés spéculatifs devenus incontrôlables. Douze ans plus tard, pari réussi – ou principes trahis ? Pour Philosophie magazine, le penseur spécialiste de l’internet Mark Alizart décrypte… la cryptomonnaie.
Vous étiez, dès le départ, un grand enthousiaste du Bitcoin. Pourquoi ? Qu’y avait-il, à vos yeux, d’inédit dans la cryptomonnaie ?
Mark Alizart : Paradoxalement, je me suis pris d’intérêt pour Bitcoin [Alizart élude volontairement l’article] pour des raisons qui n’ont d’abord aucun lien avec l’économie ou la finance. Pour moi, Bitcoin est d’abord un objet philosophique fascinant. Au sens le plus fondamental, c’est un protocole informatique qui permet d’automatiser la confiance. Autrement dit, Bitcoin permet de se passer d’un tiers validateur (comme un notaire) pour sécuriser une transaction entre deux personnes. Ça n’a peut-être l’air de rien comme ça, mais songez que c’est exactement ce que le christianisme a fait, en particulier dans sa version réformée : se passer des prêtres, et même des lois, au profit d’un rapport direct à Dieu. Et c’est également ce que les révolutions anglaises, américaines et françaises ont visé : se passer des princes et des rois pour accéder directement à l’autodétermination. Bitcoin s’inscrit dans le grand mouvement d’émancipation des tiers qui caractérise la modernité dans sa quête de liberté et d’autonomie. C’en est, en quelque sorte, une nouvelle étape, après la Réforme et la Révolution. C’est de cette envergure là. Je trouve ça vertigineux.
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