Au fait, pourquoi s’habille-t-on ?
« La société […] est fondée sur le vêtement », affirmait avec humour l’écrivain britannique Thomas Carlyle dans son essai sur la mode, Sartor resartus (1834). Bien des philosophes lui ont donné raison, insistant sur le caractère fondateur de l’habillement. Mais pour des raisons parfois divergentes ! Retour sur les grandes analyses du costume.
Protagoras : pour nous protéger
Le mythe d’Épiméthée, rapporté par Platon dans le Protagoras, est l’un des plus célèbres de la philosophie : l’homme a été oublié des dieux, il n’a reçu aucun don, contrairement aux animaux. Il se retrouve, par conséquent, nu et sans défense, exposé aux menaces des forces naturelles et à la violence des autres hommes. Pour les sauver, Prométhée et son frère Épiméthée leur confèrent l’habileté technique. Les hommes, afin de survivre, devront façonner leur existence. Ils apprennent, en particulier, à se vêtir pour se protéger : « Les habitations, les vêtements, les chaussures, les couvertures, […] furent [ces] inventions. » Ce lien entre l’habit et l’habitation est particulièrement évident d’un point de vue étymologique.
Kant : pour s’émanciper de l’instinct sexuel
Comme l’affirme Kant dans ses Conjectures sur le commencement de l’histoire humaine (1786), le vêtement marque à la fois le triomphe de la raison sur l’instinct animal, et la sublimation de cet instinct : « L’homme ne tarda pas à comprendre que l’excitation sexuelle, qui chez les animaux repose seulement sur une impulsion passagère et le plus souvent périodique, était susceptible chez lui d’être prolongée et même augmentée sous l’effet de l’imagination […] La feuille de figuier fut donc le résultat d’une manifestation de la raison […]. Car rendre une inclination plus intense et plus durable, du fait que l’on soustrait son objet au sens, manifeste déjà la conscience d’une domination de la raison à l’égard des impulsions […]. » Soustraire au regard l’objet de la pulsion sexuelle permet de nous libérer de sa tyrannie et de nous humaniser.
Frère du romancier Henry James, le philosophe américain William James lance un nouveau courant de pensée, auquel il consacre son cours de 1905 à Harvard : le pragmatisme. Il s’y dresse contre presque toute la tradition…
Quelles sont les conséquences pratiques d’une philosophie, d’un concept, d’une idée ? C’est la question qui anime William James. En proposant…
En adoptant le point de vue pragmatiste pour décrire l’expérience religieuse, William James (1842-1910) rend compte d’un phénomène universellement partagé : les moments de résonance avec le monde. Comme le croyant sent que quelque chose…
Dans « La Chambre claire », Roland Barthes part en quête de l’essence de la photographie : capturer l’être intime du modèle.
La langue classique est, pour Roland Barthes, une arme au service des dominants et de leur idéologie. L’écrivain et sémiologue reviendra plus tard sur cette affirmation radicale.
Si bon nombre de philosophes se sont intéressés au vêtement, peu nombreux sont ceux qui se sont risqués à interroger ce qu’est un bel habit. Deux…
En rassemblant dans une anthologie les écrits majeurs de l’histoire des exercices spirituels, depuis l’Antiquité à la période contemporaine,…
William James et Henri Bergson ont entretenu une amitié et une correspondance soutenue, nourrie de l’appétit de Bergson pour toute pensée nouvelle et par la reconnaissance d’un intérêt commun pour le flux de l’expérience et de la vie…