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La directrice artistique américaine Matilda Kahl a pris une décision largement commentée sur les réseaux sociaux après sa tribune publiée dans “Harper’s Bazaar” en 2015 : celle de s’habiller tous les jours de la même manière. © Matilda Kahl/Instagram

Analyse

S’habiller pour le travail, un casse-tête genré

Victorine de Oliveira publié le 13 septembre 2022 7 min

Aux femmes les couleurs et les motifs, aux hommes les tons sombres... Si le choix de nos vêtements pour nous rendre au travail exprime parfois notre fantaisie personnelle, il témoigne le plus souvent d’injonctions liées au genre. Que signifie cette répartition genrée ?

L’habit fait l’homme… et la femme ?

Toutes les entreprises n’ont pas de dress code. Et pourtant. Que ce soit dans votre open space ou dans la rue où passent les employés de bureau, force est de constater qu’il en existe un. Difficile toutefois d’en trouver trace écrite. La chose est plutôt de l’ordre de l’implicite. Côté masculin, entre le blanc et le noir, se déploie un camaïeu de gris et de bleu, agrémenté parfois d’une touche de fantaisie s’il y a cravate à dinosaures ou chaussettes à pois apparentes. Côté féminin, on opte plus volontiers pour des couleurs vives, voire des imprimés, on s’autorise une jupe ou une robe qui dévoile les jambes, des sandales qui laissent entrevoir des pieds souvent manucurés, à quoi vient s’ajouter le maquillage. D’où vient une telle répartition genrée des formes et des couleurs ?

Les Rolodex et les odeurs de tabac froid ont depuis longtemps déserté les bureaux, mais il se pourrait bien que flotte encore un petit parfum fifties dans beaucoup d’entreprises. Et si les différences de vestiaires, notamment au bureau, étaient héritées de l’ancienne division des tâches entre hommes et femmes ? Dans la seconde partie du Deuxième sexe (1949), Simone de Beauvoir décrit la situation du ménage typique des années 1950 : un avenir difficilement concevable en dehors du foyer domestique pour les femmes, un travail qui assure la subsistance matérielle du ménage pour les hommes. Bien que leur univers se concentre essentiellement à l’intérieur du foyer, c’est paradoxalement aux femmes qu’incombaient les fonctions de représentation, car « le foyer n’est pas seulement un “intérieur” dans lequel se confine le couple ; il est aussi l’expression de son standard de vie, de sa fortune, de son goût : il doit être exhibé aux yeux d’autrui. » Quand l’homme peut se contenter d’une forme de sobriété vestimentaire, puisqu’il va de soi que c’est lui qui assure la subsistance du couple, la femme doit incarner un statut social en se parant de la même façon que le salon affiche les revenus du mari.

À l’époque où Beauvoir écrit ces lignes, la mode féminine, même destinée à celles qui travaillent, fait la part belle à une forme d’objectification tout en témoignant d’une volonté d’ornement, un état d’esprit qui culmine avec le new look. Le tailleur pantalon fait certes son apparition dans le vestiaire féminin, mais on garde le plus souvent des talons aux pieds et la taille bien marquée. La jupe crayon, même raccourcie, entrave quant à elle toujours la marche, et si elle prend une forme plus évasée et plissée, c’est pour devenir plus lourde du fait de la longueur du tissu. « Les vêtements de l’homme comme son corps doivent indiquer sa transcendance et non arrêter le regard, remarque Beauvoir ; pour lui ni l’élégance ni la beauté ne consistent à se constituer en objet ; aussi ne considère-t-il pas normalement son apparence comme le reflet de son être. » Côté féminin, c’est tout l’inverse : le vêtement, parce qu’il entrave ou fait passer le confort au second plan, n’a pas pour but de révéler la femme « comme individu autonome » mais plutôt de « la couper de sa transcendance pour l’offrir comme proie aux désirs mâles ». Associée à la nature sauvage et mystérieuse, quand l’homme incarne la raison claire et transparente, la femme se pare de motifs végétaux, floraux, sur ses vêtements comme ses bijoux : « Elle devient pour l’homme fleur et gemme », conclut Beauvoir. Christian Dior (1905-1957), le couturier phare de l’année où paraît le Deuxième sexe, l’admet volontiers : il rêve de « femmes fleurs, épaules douces, bustes épanouis, tailles fines comme des lianes et jupes larges comme corolles. »

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