William James, un pragmatiste disciple de Bergson
Frère du romancier Henry James, le philosophe américain William James lance un nouveau courant de pensée, auquel il consacre son cours de 1905 à Harvard : le pragmatisme. Il s’y dresse contre presque toute la tradition philosophique, qui va de Platon à Hegel, en passant par Locke ou Kant. Pour lui, il ne faut pas se tourner vers la transcendance ni vers des catégories abstraites, mais juger des théories selon leurs conséquences pratiques dans le courant de la vie. L’année où il publie son premier ouvrage, Le Pragmatisme, en 1907, est aussi celle où il lit L’Évolution créatrice. Voici comment il compare les deux démarches, qui lui paraissent convergentes.
Lettre à Henri Bergson,
Chocorua, 13 juin 1907
« Oh ! mon cher Bergson, vous êtes un magicien, et votre livre est une merveille, un véritable miracle dans l’histoire de la philosophie : c’est une date, ou je me trompe fort, dans les conceptions de la matière, mais, au rebours des livres de génie de l’école “transcendantale” (qui sont tous écrits dans une langue si obscure, si cruelle et si inaccessible), le vôtre est d’une beauté de forme qui le rendra classique. Vous allez peut-être sourire de ma comparaison, mais quand je l’ai eu fermé, il m’a laissé le même arrière-goût que j’avais éprouvé jadis en fermant Madame Bovary, l’écho, le prolongement d’une euphonie durable ; le bruissement d’un fleuve immense, sans remous, ni écumes, ni bancs de sable, mais qui continuait, en coulant à pleins bords, son cours tranquille et intarissable. Et puis cette justesse parfaite de vos images, qui n’accrochent jamais, ne font pas saillie à angles droits dans le discours comme des tableaux, mais invariablement clarifient la pensée et l’aident à s’épancher ! […]
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