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Illustration : © Jules Julien pour PM

L’aventure d’un classique

“Le pragmatisme” de William James. Une pensée à hauteur d’homme

Victorine de Oliveira publié le 11 janvier 2023 10 min

Quelles sont les conséquences pratiques d’une philosophie, d’un concept, d’une idée ? C’est la question qui anime William James. En proposant une nouvelle manière de penser, il évalue ainsi la capacité à intégrer le sujet dans un réel en perpétuel changement.

 


William James, les dates clés
1842 Il naît à New York dans une famille de la bourgeoisie lettrée. Son père est théologien et son frère Henry deviendra romancier.
1861 Il entame des études de chimie et d’anatomie comparée à Harvard.
1872 Il devient professeur à Harvard.
1890 Il publie ses Principes de psychologie.
1907 Paraît Le Pragmatisme, qui rassemble une série de conférences à succès.
1911 Il meurt à Chocorua (New Hampshire).


En mars 1910, alors que le pragmatisme est un courant philosophique en vogue même en France, Henri Bergson écrit à son ami William James : « Les gens se font a priori une image du pragmatisme (je ne sais pas pourquoi) comme quelque chose qui devait être nécessairement simple, quelque chose qu’il serait possible de résumer en une simple formule. Je n’ai cessé de répéter, au contraire, que le pragmatisme est l’une des doctrines les plus subtiles, les plus nuancées qui ne soit jamais apparue en philosophie (précisément car cette doctrine réintroduit la vérité dans le flux de l’expérience), et quiconque parle du pragmatisme avant de vous avoir lu intégralement est sûr d’être dans l’erreur. » Voilà résumé en quelques lignes l’essentiel des malentendus qui entourent ce courant de pensée né outre-Atlantique. Le mot a beau être passé dans le langage courant, le pragmatisme suscite encore préjugés et incompréhensions.

Dire de quelqu’un qu’il est pragmatique n’est pas vraiment un compliment. On sous-entend qu’il s’agit d’une personne sans réelle colonne vertébrale intellectuelle, capable de s’adapter aux circonstances et de modifier ses principes moraux en fonction, tout en gardant un ancrage solide dans le réel, au point de ne pas parvenir à s’en émanciper. Une définition qui n’a pas grand-chose à voir avec ce que ses pères fondateurs entendaient par pragmatisme, à commencer par William James.

Lorsqu’il prononce aux universités de Boston, puis de Columbia huit conférences qui seront publiées sous le titre générique Le Pragmatisme, James est déjà une célébrité. Bien qu’il admette dans la préface qu’il « n’aime pas ce terme » qu’il n’a pas inventé, il est quelque peu responsable de sa popularité. C’est probablement Charles Sanders Peirce qui, le premier, emploie le mot lors de discussions au sein du « Club métaphysique » de Cambridge dans le Massachusetts, auquel appartient aussi James. Peirce invente le mot en combinant le grec pragma, « action », et l’allemand praktich, que Kant emploie pour décrire le rapport spécifique de l’être humain au monde. La première « apparition » publique du pragmatisme a lieu en 1898 à l’université de Californie lors d’une conférence de James intitulée « Conceptions philosophiques et résultats pratiques. » Il y rend hommage au « principe de Peirce » et lance ce qu’il nomme à contrecœur un « mouvement pragmatique ».

“La philosophie de l’Absolu a de l’élégance et un certain panache tandis que le théisme ordinaire est plus falot, mais tous deux sont également coupés du monde et vides”
William James

 

À la croisée de l’empirisme de Hume et du transcendantalisme d’Emerson – dont le père de James était un ami proche –, ce mouvement se présente comme une vaste critique d’une certaine philosophie devenue déconnectée de la réalité. Dans sa première leçon, James commence par régler ses comptes avec le type de philosophie rationaliste qu’en psychologue, il pense née d’« esprits délicats » : « Les philosophes les plus absolutistes planent à un tel niveau d’abstraction qu’ils ne cherchent jamais à redescendre. L’esprit absolu qu’ils nous proposent, l’esprit qui crée notre univers en le pensant aurait pu aussi bien avoir créé un million d’autres univers, malgré toutes leurs démonstrations visant  à prouver le contraire. De la notion de cet absolu, on ne peut déduire aucun fait réel particulier. » Un reproche que l’on pourrait résumer par : les systèmes philosophiques sont de bien belles constructions mais qui reflètent davantage le « tempérament », la personnalité de leur auteur qu’une quelconque réalité, qu’ils n’envisagent que sous un angle bien spécifique. Étudier la philosophie hégélienne, c’est par exemple se plonger dans les obsessions d’un auteur qui rêve d’unité, de mouvement vers l’un qui résorberait toutes les aspérités du réel. James est sévère : « La philosophie de l’Absolu a de l’élégance et un certain panache tandis que le théisme ordinaire est plus falot, mais tous deux sont également coupés du monde et vides. » Le pragmatisme a donc pour ambition de renouer avec le réel, sans pour autant se couper de toute transcendance : « Ce qu’il nous faut, c’est une philosophie qui non seulement sollicite nos facultés intellectuelles d’abstraction, mais encore soit en prise directe avec le monde réel de nos vies humaines finies. »

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Article issu du dossier "“Le Pragmatisme” de William James. La vérité à l’épreuve" janvier 2023 Voir le dossier
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