Dossier/De la fin de la démocratie en Amérique

Les États désunis d’Amérique

Cédric Enjalbert publié le 5 min

Alors que la réélection de Donald Trump se joue en novembre, tous les regards se tournent vers Washington : la désorganisation de l’Union est-elle un accident de parcours ou la pente naturelle de la démocratie ? Et devons-nous craindre le même destin en Europe ?

 

« J’avoue que dans l’Amérique j’ai vu plus que l’Amérique ; j’y ai cherché une image de la démocratie elle-même, de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions ; j’ai voulu la connaître, ne fût-ce que pour savoir du moins ce que nous devions espérer ou craindre d’elle. » Le comte Alexis de Tocqueville a un peu moins de 30 ans lorsqu’il consigne ces lignes, au retour de son premier voyage aux États-Unis. Missionné pour un reportage sur les institutions pénitentiaires américaines, il découvre aussi, dans ce pays relativement récent, une démocratie exemplaire, livrée « à ses penchants et abandonnée presque sans contrainte à ses instincts », tandis que les aristocraties tombent peu à peu en Europe. Les États-Unis deviennent rapidement le laboratoire politique du reste du monde. Tout y est présent, les intérêts suscités par ce nouveau régime, comme les dangers intrinsèques de ce pouvoir rendu au « peuple ». Un cas d’école.

 

Les passions démocratiques

Bien qu’aristocrate, Tocqueville voit en effet dans la « révolution sociale » qui mène à la démocratie une marche irrésistible. Il l’admet comme un « fait accompli ou prêt à s’accomplir ». Sous sa plume, « démocratie » désigne à la fois un état social – caractérisé par l’égalisation des conditions – et un état politique – les institutions démocratiques établies. L’un peut aller sans l’autre, au risque de la désorganisation, et l’intellectuel redoute ainsi pour la France qu’un État socialement démocratique s’établisse sans les institutions qui vont avec. Qu’observe-t-il d’autre à l’Ouest ? Que la démocratie repose sur un désir d’égalité, qui peut cependant vite se transformer en une « passion » qui porte en elle une dérive individualiste redoutable : par une logique paradoxale, l’égalisation des conditions nourrit un désir de distinction qui renforce finalement l’inégalité. 

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