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Cinéphilo

Le “monopole de la violence légitime“, un concept “qui se tient sage” ?

Ollivier Pourriol publié le 01 octobre 2020 7 min

Avec documentaire coup de poing, Un Pays qui se tient sage (en salles), consacré aux violences policières, le réalisateur David Dufresne interroge ce concept prêté au sociologue allemand Max Weber. Un dispositif aussi bien cinématographique que philosophique pour Olivier Pourriol qui a vu le film.

 

Tout commence avec Max Weber et sa fameuse phrase selon laquelle l’État détiendrait « le monopole de la violence légitime », phrase que l’on entend souvent dès qu’il s’agit de justifier un usage excessif de la force publique. Le premier mérite du film dissensuel de David Dufresne, Un Pays qui se tient sage, est de revenir au texte, et de rappeler qu’en réalité Max Weber écrit que l’État « revendique pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime ». Tronquer une citation n’est peut-être pas aussi grave qu’éborgner un manifestant, mais c’est la priver de son contexte, ce « contexte » systématiquement évoqué dès qu’il s’agit de « comprendre » des images de violences policières. 

Quand Max Weber se penche, dans deux conférences prononcées en 1917 et 1919 (regroupés dans Le Savant et le Politique) sur ce qui distingue un État des autres types de communautés humaines, il désigne comme spécifique cette revendication du monopole de l’usage légitime de la violence, ou de la force physique (Gewalt), en précisant que cet usage se limite à un territoire donné, et que cette revendication, pour qu’on puisse parler d’État, doit être couronnée de succès. Ce monopole n’a de sens qu’à la condition que sa revendication soit considérée comme légitime. Et si c’est bien le cas, alors il n’y a plus à parler de « violence » mais de « force publique ». Et c’est pourquoi Dufresne place son travail sous l’égide de l’article 12 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. » Une fois ce critère posé, il n’y a plus qu’à passer au crible les images dont on dispose pour évaluer les actes.

 

Inversion du panoptisme et de la sousveillance

Il est d’abord dans le film question d’images, celles qui documentent les violences policières, principalement commises lors des manifestations de « gilets jaunes », que David Dufresne s’est évertué des mois durant à collecter, à vérifier, à sourcer et à partager sur son compte Twitter. Si les images des journalistes se retrouvent sur le même plan que celles des quidams, c’est que l’indifférenciation est devenue la règle de ces affrontements urbains : du moment que quelqu’un filme, il devient de fait un agent de ce panoptisme inversé, qui met les forces de l’ordre sous l’œil public, et remplace la surveillance étatique par ce que l’universitaire canadien Steve Mann a nommé « sousveillance » citoyenne. Ce n’est plus le pouvoir qui surveille, mais lui qui est surveillé par ceux sur qui il prétend s’exercer. La documentation des violences subies pendant les manifestations est ainsi devenue, dans un renversement à la Gandhi, la meilleure arme des manifestants. Parce que les manifestants, qui se font frapper ou tirer dessus avec des armes « non létales » (et pourtant parfois mortelles), ne sont pour leur part armés que de la caméra de leur smartphone, la violence qu’ils subissent éclate comme un scandale indéfendable. 

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