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Affiches électorales devant le bureau de vote de la Croix-Rousse, à Lyon (69), pour le premier tour de l'élection présidentielle de 2022. © E.Soudan/Alpaca/Andia.fr

La petite question

Et si les citoyens étaient devenus aussi compétents que les candidats ?

Marius Chambrun publié le 20 avril 2022 6 min

À l’instar du personnage du législateur de Rousseau qui est un « instituteur » du peuple, l’idée a longtemps prévalu que les responsables politiques étaient des dirigeants éclairés, qui devaient convaincre les citoyens par un discours relevant d’une forme de pédagogie. Cependant, cette campagne de premier tour a montré l’importance grandissante de l’évaluation des programmes, selon un modèle de partage de compétence diagnostiqué par Michel Serres dans Petite Poucette (Le Pommier, 2012). Assisterait-t-on à un inversement des rôles ?

 

Comment convaincre les électeurs lorsqu’on se présente à une élection ? Cette question en apparence peu originale est cependant cruciale pour tout candidat, et la manière dont on y répond détermine notre vision du rapport entre représentants et représentés. Durant longtemps, l’image de l’homme politique comme individu conscient des enjeux et qui allait à la rencontre du peuple pour l’éclairer sur ses choix a prévalu. Cette conception semble encore solidement ancrée dans le comportement électoral de nombreux citoyens, et renforcée par le régime de la Ve République, qui personnalise l’élection et réduit l’importance des programmes. Il s’agit d’un rapport déséquilibré entre électeurs et candidats, qui part du principe que le peuple n’est pas assez éduqué pour pouvoir faire un choix rationnel et a besoin qu’une intelligence supérieure lui insuffle des idées. Suivant cette conception, ce ne sont pas les citoyens qui jugent le programme des candidats, mais ces derniers qui doivent transmettre un savoir, comme un maître éduque son élève.

Rousseau et l’instituteur du peuple

Cette conception du responsable politique est notamment partagée par Jean-Jacques Rousseau, qui ne croit pas qu’une « inspiration subite » puisse naître dans le peuple pour lui permettre de faire les bons choix : « Comment une multitude aveugle qui souvent ne sait ce qu’elle veut, parce qu’elle sait rarement ce qui lui est bon, exécuterait-elle dʼelle-même une entreprise aussi grande, aussi difficile qu’un système de législation ? De lui-même, le peuple veut toujours le bien, mais de lui-même, il ne le voit pas toujours ». Dans Du contrat social (1762), Rousseau conçoit donc le rôle du « législateur », qui est une personne plus éduquée que la masse du peuple et doit guider celui-ci pour élaborer les lois en accord avec le principe de justice, puisque pour le philosophe, « la volonté générale est toujours droite, mais le jugement qui la guide nʼest pas toujours éclairé ». Ainsi le législateur intervient-il en tout premier lieu pour poser le cadre du régime politique démocratique ; il est, selon Rousseau, une figure extérieure qui est à l’origine d’une bonne constitution : « Pour découvrir les meilleures règles de société qui conviennent aux nations, il faudrait une intelligence supérieure. » Il y a bien un responsable politique dont la mission est de guider les citoyens. Ici, même si Rousseau conçoit la source de la souveraineté dans le peuple et va jusqu’à refuser que l’on puisse la déléguer à des représentants qui nous la confisqueraient, il théorise l’intervention d’une conscience politique éclairée pour sortir les citoyens de leur ignorance et de permettre que la volonté générale s’exprime. Ses mots à l’égard du peuple sont parfois sévères, lorsqu’il parle du législateur comme celui qui possède une « raison sublime qui sʼélève au-dessus de la portée des hommes vulgaires ».

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