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© Un jour, un bulletin de vote, par Jérémie Moualek

Entretien

Jérémie Moualek : “Les votes blancs et nuls sont des votes comme les autres”

Jérémie Moualek, propos recueillis par Jean-Marie Pottier publié le 25 avril 2022 7 min

Partiellement reconnue par la loi en 2014, pour ce qui est du décompte à part du vote blanc, la pratique du vote blanc et nul a de nouveau atteint un niveau très élevé lors du second tour de la présidentielle 2022 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, avec 6,35% de bulletins blancs et 2,25% de nuls (à ajouter aux 28,01% d’abstention, qui constitue, elle, le record historique depuis les… 31,15% de 1969). Elle reste cependant relativement méconnue et opaque, comme si ces bulletins demeuraient des votes « non-exprimés », par opposition aux suffrages « exprimés » qui servent à désigner le vainqueur. Maître de conférences en sociologie à l’université d’Évry Val d’Essonne, Jérémie Moualek leur a consacré en 2018 une thèse de doctorat, À la recherche des « voix perdues » : contribution à une sociologie des usages pluriels du vote blanc et nul, ainsi qu’un documentaire du même titre. Entretien.

 

Depuis quand juge-t-on les votes blancs et nuls comme un phénomène digne d’analyse, et plus seulement comme des voix “perdues” ?

Jérémie Moualek : Sous la Ve République, la présidentielle, du fait du scrutin majoritaire à deux tours, a obligé les perdants du premier tour à donner des consignes de vote. Puisque l’abstention était disqualifiée, des candidats et des partis ont dit à leurs électeurs d’aller voter blanc : on a alors parlé, comme lors de la présidentielle de 1969, de « vote blanc » alors même que l’expression a intégré le code électoral seulement en 2014. La hausse de ces votes blancs et nuls a été concomitante de celle de l’abstention, depuis le début des années 1990. Et lors du second tour de la présidentielle 2017, pour la première fois, la télévision a donné une estimation de leur proportion, en plus du score des candidats lors de la soirée électorale. Cette pratique est considérée comme une forme d’alternative électorale, jugée inoffensive car elle n’a pas de conséquence sur le résultat, utile parce qu’elle fait baisser l’abstention et légitime car elle est socialement acceptable – on se déplace pour aller voter. Mais ces bulletins-là sont aussi disqualifiés quand il y a un enjeu très fort, par exemple en cas de qualification de l’extrême droite. La légitimité de la pratique est donc à relativiser fortement.

“Ces bulletins qu’on considère comme non exprimés sont souvent, au contraire, la traduction concrète d’expressions diverses et variées” Jérémie Moualek

 

À propos de ces votes, vous employez les mots d’“acte” ou d’“usage” plutôt que de “choix”. Pourquoi ?

Globalement, le terme de « choix » est très peu pertinent pour parler du vote, ou alors il faut l’écrire avec des gros guillemets. Derrière les apparats d’un choix ou d’une opinion, on a la traduction d’un certain rapport social au politique et à l’élection : le vote est surtout une pratique sociale qui nécessite des liens, d’être mis sous pression au bon sens du terme, c’est à dire d’en parler, ou pas, ou plus ou moins, avec ses proches, ses amis, sa famille… J’emploie le terme d’usage, dans la lignée de Michel Foucault, pour signifier ce que sont souvent les votes blancs et nuls : des usages pluriels du vote entre deux focales différentes, entre le « c’est l’usage » et « à l’usage ». C’est à dire quelque chose qui peut reproduire la norme sociale, quand on utilise le vote blanc comme un acte neutre et civique, mais qui traduit aussi la réappropriation ou le contournement par certains de cette norme sociale.

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