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Pierre Rosanvallon (cc) Wikicommons

1. Le peuple contre les experts ?

(Dé)libérons-nous !

Pierre Rosanvallon, propos recueillis par Martin Legros publié le 26 octobre 2016 10 min

À l’heure où le parlement a perdu son pouvoir et où les citoyens souhaitent avoir plus de contrôle sur leurs gouvernants, un nouvel âge de la politique se dessine, selon l’historien Pierre Rosanvallon, celui de la démocratie d’exercice. Une réforme ? Non, une révolution. [Version intégrale de l’entretien paru dans le numéro 104]

Quel diagnostic portez-vous sur l’état de santé de notre démocratie ?

Pierre Rosanvallon : La démocratie française ne va pas bien, c’est indéniable. Mais élargissons un peu le champ. La fin du XXe siècle a été marquée par une embellie de la démocratie, avec l’effondrement du mur de Berlin et l’extension du modèle libéral à l’ensemble du globe. Et puis, depuis dix ans, nous sommes sous le coup d’une montée en puissance de ce qu’on peut appeler des démocraties « illibérales ». Dans ces régimes, la corrélation entre suffrage universel et régime démocratique s’est distendue. Les élections, les partis d’opposition, la liberté de la presse subsistent, mais les libertés publiques sont étouffées par l’exaltation de la figure d’un peuple majoritaire que le chef d’État est censé incarner. C’est le cas de la Turquie et de la Russie, mais de la Pologne aussi. La démocratie française est préservée. Cependant, si nous voulons éviter de tomber dans ces régressions, il faut apporter des remèdes au malaise actuel.

 

Quels sont les problèmes spécifiques de la démocratie française ?

J’en vois trois. D’abord, un problème de représentation. La politique ne donne plus un langage à ce que vivent les gens. Institutions et gouvernants sont déconnectés de la vie réelle. Les partis n’ont plus d’enracinement social, les opinions sont séparées des conditions de vie. Ce qui nourrit la demande d’une vraie représentation : pour que j’aie le sentiment d’être représenté, il faut que ce que je vis, mes épreuves et mes attentes, soit rendu présent dans la sphère publique. Deuxième problème, celui de l’expression : la démocratie cherche de nouvelles voix. L’élection est là pour donner voix au peuple. « Un homme, une voix ! » dit la formule. Mais la voix du bulletin ne suffit plus. D’autres formes de prise de parole se cherchent. Au XIXe siècle, le suffrage universel avait deux béquilles : les pétitions et les manifestations. Alors que le suffrage censitaire limitait le corps électoral à ceux qui avaient les moyens, les pétitions permettaient de présenter à l’Assemblée les problèmes qui n’étaient pas pris en compte par les parlementaires. Et elles étaient systématiquement discutées. Aujourd’hui, les manifestations ont encore cette fonction. Mais les citoyens ne se contentent plus d’exprimer publiquement leurs revendications ou leurs désaccords. Ils cherchent une expression qui ait une dimension délibérative. Enfin, troisième problème, la recherche d’une démocratie qui soit plus continue : les citoyens ne veulent plus être réduits à des électeurs qui sélectionnent et sanctionnent les gouvernants à intervalles réguliers ; ils veulent peser sur les décisions tout du long. Après la démocratie d’autorisation, il y a ainsi l’attente d’une démocratie d’exercice.

 

Commençons par le problème de la représentation. En quoi est-il spécifique à notre temps ?

Pour rendre la démocratie plus représentative, plusieurs remèdes ont été expérimentés par le passé : la proportionnalité ou la parité, pour rendre les assemblées plus proches de la société réelle ; l’instauration d’une seconde assemblée, comme le Sénat, pour représenter les territoires à côté des opinions ; ou encore, le non-cumul des mandats pour renouveler la classe politique. Mais ces outils n’ont de sens que si l’enjeu est d’élire une assemblée composée d’un grand nombre de personnes. Or nous vivons à une époque où les assemblées perdent de leur importance. La politique se concentre sur le pouvoir exécutif. Du coup, les remèdes imaginés pour rendre les assemblées plus représentatives ne sont plus efficaces. Une assemblée peut représenter la diversité d’une nation, une seule personne non, à moins que cette personne n’ait l’insolence de penser qu’elle incarne la société. Cette prétention est au cœur des régimes populistes quand un « homme-peuple » (la formule a été appliquée à Napoléon) prétend condenser en sa personne la société. En dehors de cette « solution » extrême, je crois que le travail de la représentation doit emprunter des voies nouvelles.

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Article issu du magazine n°104 octobre 2016 Lire en ligne
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