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© Pierre-Emmanuel Rastoin pour PM

François Hollande, Pierre Rosanvallon. Y a-t-il des idées pour sauver la gauche ?

François Hollande, Pierre Rosanvallon, propos recueillis par Martin Legros publié le 20 juillet 2012 16 min

Coupée du peuple et timorée dans ses résolutions… À l’heure où les primaires vont livrer leurs résultats, la maison socialiste paraît bien mal en point si l’on en croit l’intellectuel Pierre Rosanvallon. Face à lui, le candidat François Hollande saura-t-il écouter – voire reprendre à son compte – ses propositions ?

Quelque chose d’inattendu s’est produit lors de cette rencontre entre François Hollande, candidat à la primaire socialiste et favori des sondages pour l’élection présidentielle de 2012, et Pierre Rosanvallon, grand manitou de la gauche intellectuelle, professeur au Collège de France et directeur de la République des Idées, à la fois think tank social-démocrate et collection au Seuil. D’abord, contrairement aux usages, ce n’est pas l’intellectuel qui s’est rendu auprès du Prince dans un des palais de la République, c’est le candidat à la fonction suprême qui s’est déplacé dans un des temples du savoir, le Collège de France. Et, alors que Pierre Rosanvallon nous accueillait avec son attachée de presse dans ses bureaux et nous parlait de son intention de peser sur la vie politique, notamment grâce à son récent La Société des égaux (Seuil), François Hollande, lui, arrivait seul, sans fiches ni bouquins. Quand Pierre Rosanvallon faisait le constat très sombre d’une primaire coupée des idées et d’un Parti socialiste incapable de faire résonner l’expérience vécue des classes populaires, l’ex-premier secrétaire refusait d’endosser la responsabilité d’un collectif partisan et se montrait plutôt d’accord avec cet état de fait. Tandis que Pierre Rosanvallon s’inquiétait du risque d’éclatement de la société sous le coup de l’explosion des inégalités, François Hollande reprenait à son compte cette donnée comme on prend acte d’une information nouvelle. Alors que Pierre Rosanvallon proposait de limiter les revenus outrageants pour le commun et de lancer une révolution fiscale, François Hollande s’en remettait plus prudemment aux entreprises et à la fiscalité sur les successions…

Le candidat socialiste se présentait ainsi en adoptant une attitude aux antipodes des clichés sur l’homme politique qui a tout vu, tout compris et a une solution qui va régler tous les problèmes. Déroutant. Mais peut-être avons-nous assisté à la mue du politique en… homme normal !

 

Pierre Rosanvallon : On a un peu le sentiment, à l’heure de la primaire socialiste, qu’il y a un affrontement de personnes dissocié du débat d’idées. Comme si votre parti était réduit à une machine à choisir les candidats. Qu’en pensez-vous ?

 

François Hollande : Je ne suis pas l’avocat du PS…

 

P. R. : Et je ne suis pas procureur !

 

F. H. : La sélection des dirigeants est une fonction essentielle des partis. Je me réjouis que les socialistes aient décidé, grâce à des primaires ouvertes, d’associer le plus grand nombre de citoyens à cet exercice. C’était jusqu’ici la propriété ontologique des militants. C’est désormais un choix sur lequel tous les électeurs de gauche vont pouvoir peser.

 

P. R. : La droite ne voit pas ce dispositif d’un très bon œil…

F. H. : Parce que cette procédure démocratique fracasse le préjugé du monopole partisan ou de la cooptation par une élite du supposé « meilleur ». Mais un parti n’est pas seulement un réservoir de candidats, il doit aussi être capable de mobiliser la société sur des causes et de renouveler ses idées.

 

P. R. : Une force politique a deux grandes fonctions, animer la scène politique, participer à la vie des institutions, d’une part, et éclairer l’avenir, donner sens à un projet d’émancipation, d’autre part. Les partis remplissent plutôt bien la première fonction. En revanche, ils sont à la peine avec la seconde. Un des premiers buts de la politique c’est pourtant de donner un langage à ce que vivent et attendent les gens, pour en faire des citoyens plus lucides et plus actifs. Or, le langage politique, à gauche en particulier, tourne à vide, ne donne pas de chair sensible à l’existence des gens. Si vous prenez des livres sur la société française qui ont rencontré le succès – Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas ou Les Tribulations d’une caissière d’Anna Sam –, vous voyez la différence. Ces livres sur la précarité résonnent avec le vécu de la société. Si on se contente de dire « il faut lutter contre la précarité et l’exploitation », « développer plus de solidarité », on dit des phrases justes, mais abstraites, à la surface des choses, coupées de l’expérience quotidienne. Il est à mes yeux urgent d’inventer en politique une conceptualisation « sensible » sur laquelle fonder un nouveau langage. D’autant qu’il y a de la concurrence : la phraséologie populiste qui repose sur une conceptualisation simplificatrice et une vision magique de la volonté politique. Elle ne donne consistance au « peuple » qu’en l’opposant par en haut aux élites et par en bas aux immigrés… Le défi pour la gauche dans cette campagne, c’est de trouver un langage où chacun sente que son histoire est prise en charge.

 

« Nous ne sommes pas là uniquement pour aller chercher les oubliés – cela ne fait pas une majorité, les oubliés »

François Hollande

F. H. : Je m’amuse de l’inversion des rôles. Vous êtes le philosophe, je suis le politique, et vous me mettez, à juste titre, en garde contre la conceptualisation et le risque d’une trop grande abstraction des discours politiques. Le danger, en effet, est grand d’oublier de nommer les choses et les gens. Le langage politique cherche, et c’est son honneur, des solutions. Mais il fait comme si les problèmes étaient déconnectés des individus, comme si tout était global et rien n’était personnel, voire charnel, ce qui fait que l’écoute est perdue. La première condition de la crédibilité politique est de partir des situations vécues, de les reconnaître avant même de chercher une issue pour les régler. Il ne s’agit pas de se mettre à la place de chaque individu – la caissière ou l’ouvrier –, mais de parler en leur nom, d’arriver à une proposition politique donnant une perspective à toutes ces expériences singulières.

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Article issu du magazine n°53 septembre 2011 Lire en ligne
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