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Les deux candidats à l'élection présidentielle américaine, Joe Biden et Donald Trump, lors du premier débat télévisé, à Cleveland (Ohio), le 29 septembre 2020. © JIM WATSON, SAUL LOEB/AFP

Élection présidentielle américaine

Débat Biden-Trump : le pugilat, stade terminal de la démocratie ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 30 septembre 2020 3 min

« Clown », « menteur », « raciste » : rythmé par les invectives plus que par l’échange d’arguments, le premier débat télévisé, diffusé hier aux États-Unis, entre Joe Biden et Donald Trump, les deux candidats à la présidence, a tourné au pugilat. L’actuel locataire de la Maison Blanche a rapidement lancé l’offensive, interrompant systématiquement son adversaire. Et de lancer à Biden : « Ne me parle pas d’être intelligent, Joe. Il n’y a rien d’intelligent chez toi. » Une violence verbale habituelle chez Trump, qui a poussé le candidat démocrate dans ses retranchements – au point de qualifier son rival républicain de « caniche de Poutine. » Bref, l’échange entre les deux hommes a donné le spectacle – désolant, selon l’immense majorité des commentateurs (« désastre complet », « horrible », pouvait-on entendre sur CNN) – d’un corps à corps entre deux Amériques irréconciliables, incapables de se parler. Le symbole, aussi, d’une démocratie en crise profonde en laquelle ne croient plus les Américains – d’après un sondage, seuls 20 % d’entre eux se fient dorénavant aux résultats des prochaines élections. 

Le philosophe John Dewey considérait en effet la conversation comme le principe fondamental de la démocratie : c’est par la discussion qu’émerge l’espace public, et « le problème essentiel du public est celui de l’amélioration des conditions et des méthodes de débat, de discussion et de persuasion » (Le Public et ses problèmes, 1927). Pourquoi donc cette insistance sur la discussion ? Parce que la démocratie est un espace de confrontation entre les intérêts et les opinions qu’il s’agit, d’une manière ou d’une autre, de concilier. Mais encore faut il, pour pouvoir espérer se mettre d’accord, que les opinions contradictoires s’accordent sur le fait qu’elles ne sont pas d’accord et qu’elles veulent sortir de cette situation de désaccord. C’est précisément ce que refuse Trump : invectivant sans arrêt son adversaire tout au long du débat plutôt que de défendre ses arguments, le président sortant n’a cessé de saper les conditions minimales d’une discussion démocratique. 

Pour échapper à ce climat de guerre civile, nous avons justement essayé de faire dialoguer deux représentants des camps politiques qui s’affrontent dans la présidentielle américaine dans notre dernier numéro : le politologue libéral Yascha Mounk, d’une part ; et le professeur de sciences politiques conservateur Patrick J. Deneen. Un débat à couteaux tirés, mais argumenté celui-là.

De quoi Donald Trump est-il le nom ?

Réponses avec le politologue libéral Yascha Mounk et l’intellectuel conservateur Patrick J. Deneen

Yascha Mounk : Dire que Donald Trump a une idéologie cohérente est insultant pour l’idée d’idéologie, mais il peut être utile de l’analyser comme un populiste autoritaire. La raison, c’est qu’il croit que lui, et lui seul, représente légitimement le peuple américain et qu’il ne doit donc y avoir aucune limite à l’étendue et à l’exercice de son pouvoir. Cela le place en conflit direct avec l’ordre libéral des États-Unis et le rend incapable d’accepter la critique légitime de la presse ou le fait que les juges ont le droit d’évaluer si ses actions rentrent dans le champ de ses pouvoirs.

 

Patrick J. Deneen : Si l’on s’interroge sur ce qui restera du trumpisme après Donald Trump, on peut dire que ce dernier aura représenté une figure de transition dans la longue histoire du conservatisme américain. Durant les cinquante dernières années, ce dernier avait été décrit, dans une comparaison célèbre, comme un tabouret à trois pieds : il était libertaire sur le plan économique, extrêmement interventionniste sur le plan international et conservateur sur le plan sociétal, avec un intérêt poussé pour la nomination de juges, pour l’annulation de Roe v. Wade [l’arrêt de la Cour suprême qui a légalisé l’avortement en 1973] et pour la défense de la liberté religieuse. Ce qui a poussé de nombreux Américains à voter pour Trump est qu’il représentait un rejet non seulement de la gauche progressiste mais de ce compromis conservateur. Sans être particulièrement cohérent, Trump a signalé aux électeurs qu’il s’attaquerait à deux des pieds du tabouret en promettant de rompre avec l’orthodoxie des marchés dérégulés et en critiquant ouvertement George W. Bush et la guerre en Irak. Le troisième pied, lui, est resté en place.

L’intégralité du dialogue entre Yascha Mounk et Patrick J. Deneen
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