Leur morale et la notre

Une recension de Antoine Rogé, publié le

De la mascarade juridique que furent les procès de Moscou, on retient souvent le texte flamboyant Leur morale et la nôtre, où Léon Trotski se démarque du cynisme stalinien. On connaît moins la réponse, tout juste éditée en français, de John Dewey, comme le rôle qui fut le sien à la tête de la « commission Dewey », qui organisa aux États-Unis le contre-procès du dissident. Figure du pragmatisme philosophique et représentant majeur de la gauche libérale américaine, Dewey alla même interroger Trotski dans son refuge mexicain. Au cœur de sa réflexion, la sulfureuse maxime de Machiavel « la fin justifie les moyens », avec en toile de fond le problème brûlant de la violence révolutionnaire. Une étonnante convergence apparaît entre les auteurs pour lire cette maxime comme une exigence : nos actes doivent être évalués en fonction de leurs conséquences. Mais Dewey pointe l’oscillation de Trotski entre ce souci et une stricte orthodoxie marxiste. La dictature du prolétariat fait-elle encore question pour le révolutionnaire, si elle est l’aboutissement inévitable du capitalisme ?          

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