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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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En 2019, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dénonçait ouvertement la présence de mercenaires russes en République centrafricaine, citant nommément le groupe militaire privé Wagner. Comme ici, des membres de la cellule de protection rapprochée du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, le 4 août 2018 à Bangui (République centrafricaine). © Florent Vergnes/AFP

Zelensky et Poutine, des hommes à abattre

Tuer un chef d'État : pour quoi faire ? La réponse de Camus et Malaparte

Samuel Lacroix publié le 03 mars 2022 3 min

D’après le journal The Times, 400 mercenaires du Groupe Wagner, une milice privée financée par un proche de Vladimir Poutine, seraient en ce moment même à Kiev, avec pour mission d’assassiner le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Devant ce constat, et alors que beaucoup s’imaginent qu’il faudrait neutraliser Poutine pour mettre un terme à la guerre, une question se pose : d’où vient cette idée que le meurtre du chef d’État serait un élément essentiel d’une victoire guerrière ?

Trois raisons principales, en grande partie tirées de l’histoire de la Russie, sont fournies par les textes d’Albert Camus et de Curzio Malaparte (1898-1957).

 

  • Agissant hors de tout cadre légal, les mercenaires de Wagner sont semblables à des brigands dont la violence et la destruction constitue le cœur de métier. Pourquoi tuer Zelensky ? Potentiellement d’abord et avant tout pour répandre le chaos et la désolation, frapper un grand coup l’Ukraine, la désorganiser de façon définitive. En ce sens, ces hommes sont assimilables aux nihilistes russes des années 1860, inspirés par ce que Camus appelle, dans L’Homme révolté (1951) le « cynisme politique » et « la morale du gang ». Parmi eux, Camus s’arrête sur la figure de Serge Netchaïev (1847-1882) qui entendait, selon ses mots, s’unir « au monde sauvage des bandits, ce véritable et unique milieu révolutionnaire de la Russie » dans le but de faire triompher la « destruction universelle » et le règne du « tout est permis ». On fait appel aux bandits non seulement pour assassiner le chef de l’État mais pour, ce faisant, accentuer le cycle de la violence.
  • Mais à travers la personne du souverain, c’est tout de même bien un État que l’on tue. Dans les années 1880, c’était la logique d’une autre génération de terroristes nihilistes russes, davantage inspirés par l’anarchisme et le socialisme révolutionnaire. Mettre à mort le président, c’est aussi une manière, strictement, d’exécuter un coup d’État. Si, comme Poutine, on espère un changement de régime (lui-même entend mettre à la tête de l’Ukraine un autre dirigeant, acquis à sa cause), il faut bien se débarrasser de l’ancien. Et les mercenaires sont là pour ça : couper la tête de l’État ukrainien dans sa forme actuelle. Dans sa pièce Les Justes (1949), toutes choses égales par ailleurs, le personnage de Camus, Kaliayev, chargé de lancer une bombe sur le grand-duc, fait bien cette distinction entre l’individu et sa fonction, lui qui explique : « Ce n’est pas lui que je tue. Je tue le despotisme. » Et, plus loin, s’adressant à la veuve du grand-duc : « J’ai lancé la bombe sur votre tyrannie, non sur un homme. »
  • L’envoi de mercenaires, donc d’un petit groupe d’hommes très organisés, est d’ailleurs l’un des plus sûrs moyens de s’assurer le succès d’un coup d’État. Si l’on en croit l’essayiste italien Curzio Malaparte, auteur de La Technique du coup d’État (1931), tout renversement de pouvoir ne réussit que par le biais d’opérations faites par un petit nombre d’individus très déterminés qui savent parfaitement ce qu’il faut faire au moment où il faut le faire. Malaparte se penche notamment sur le cas de la révolution d’Octobre et de la technique insurrectionnelle promue par Trotski contre Lénine. « Les masses ne nous servent à rien, lui fait dire Malaparte ; une petite troupe suffit » ; « Une petite troupe, froide et violente ». Les mercenaires de Poutine, ce sont en un sens des techniciens du coup d’État, la petite troupe envoyée dans le but précis de renverser le président, pendant que l’armée régulière se charge de créer un environnement favorable, celui du désordre (Malaparte fait encore dire à un Trotski circonspect devant la nécessité de la grève générale insurrectionnelle : « Ne pouvant nous appuyer sur la grève, nous nous appuierons sur le désordre »).
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