Teresa Pullano : “L’Union européenne se sent ciblée par le terrorisme en tant qu’espace étatique”

Qui sont les ex-brigadistes arrêtés ?

Teresa Pullano : Les deux figures les plus importantes sont Giorgio Pietrostefani et Marina Petrella. Giorgio Pietrostefani était l’un des fondateurs de Lotta continua [une autre organisation de la « gauche extra-parlementaire »]. Lui et Adriano Sofri ont été accusés d’avoir commandité l’assassinat du commissaire Luigi Calabresi en 1972, à Milan. Pour ces faits, Adriano Sofri a purgé quinze ans de prison [il en est sorti en 2012]. Le commissaire Luigi Calabresi était l’un des enquêteurs chargés d’élucider l’attentat de la piazza Fontana, à Milan, qui avait fait une quinzaine de morts. On soupçonne aujourd’hui que ce n’étaient pas des gauchistes qui avaient posé la bombe mais plutôt un groupe néo-fasciste des services secrets plus ou moins affiliés à l’État. L’affaire est très complexe : il y a eu des affrontements entre l’État, ces services secrets déviés, des néo-fascistes, des groupes de l’extrême gauche… Adriano Sofri a toujours nié être à l’origine du meurtre du commissaire mais, à la différence des autres, il est resté en Italie et y a été emprisonné.

Quel rôle a joué Marina Petrella dans les “années de plomb” ?

Marina Petrella était l’une des chefs des Brigades rouges à Rome pendant l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro, membre de la Démocratie chrétienne, en 1978. Donc, en tant que dirigeante des Brigades rouges romaine à l’époque, on pourrait penser que Marina Petrella sait quelque chose sur cet épisode qui a traumatisé la société italienne, et même au-delà. Comme Giorgio Pietrostefani, Marina Petrella est liée à un événement majeur de l’histoire italienne, qui continue de hanter la vie politique du pays, et sur lequel toute la lumière n’a pas encore été faite.