Livres

Pendant que j’y pense/Septembre 2020

Catherine Portevin publié le 19 août 2020 2 min

Sommes-nous rentrés ? En 2020, cette question découle logiquement d’une autre : sommes-nous partis, du moins si l’on considère que passer ses vacances près de chez soi n’est pas vraiment partir ? Et si, au retour, la distance doit rester de mise (télétravail, téléréunions, téléconférences, téléécoles), alors nous serons encore moins certains d’être rentrés. J’en étais là de mes élucubrations lorsque j’ai ouvert Ethnologie du bureau, de Pascal Dibie (Métailié, 304 p., 21 €). En anthropologue du quotidien (il s’est intéressé à la chambre à coucher, aux portes et fenêtres, aux villages de « la France profonde »…), il tente d’épuiser l’objet – qui est aussi pièce, lieu, institution, activité professionnelle et sociale – le plus ordinaire qui soit : le bureau. Et surtout, le bureau où l’on va travailler. Vagabondant en chambre parmi les livres, les films, l’histoire et les données contemporaines, il part de la tablette du scribe égyptien pour arriver à sa version numérique en passant par le scriptorium des moines, l’art de tailler les plumes, la sténographie, l’histoire de la bureaucratie, les secrétaires, les épingles, les chefs et sous-chefs, les fauteuils à roulettes et tabourets ergonomiques de ce « peuple des assis », la machine à café, l’open-space, le coworking et, bien sûr, le télétravail : « Aller au bureau ne deviendrait-il pas une chose pittoresque ? », s’interrogeait le Washington Post il y a déjà une dizaine d’années. D’où cette question quasi métaphysique : être ou ne pas être au bureau ? Il semblerait en outre que les assis SBF (« sans bureau fixe »), par choix ou par force, seraient de plus en plus… allongés sur leur canapé ou sur leur lit, travaillant avec leur ordinateur sur les genoux. Les designers conçoivent déjà des « bureaux allongés » très tendance. Vivement les vacances ! 

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