Pendant que j’y pense / février 2019

Catherine Portevin publié le 1 min

Le billet de Catherine Portevin.

C’est drôle comme la bêtise est un sujet d’époque. Elle se répandrait par réseaux sociaux, précipiterait dans la rue des bas-du-front, qui en ont assez d’être pris pour des débiles par des élites autosatisfaites, elles-mêmes n’étant pas les dernières à balancer urbi et orbi des Tweets capables de déclencher une guerre nucléaire… Les philosophes les plus prudents restent muets sur la chose. Par mépris, peut-être par angoisse ou par impuissance conceptuelle. Robert Musil, qui ne se faisait pas d’illusions sur la raison, disait que définir la bêtise ressemblait à la chasse aux papillons : vous essayez d’en suivre un des yeux, mais ses zigzags croisant ceux d’autres congénères semblables, vous n’êtes jamais sûr d’attraper celui que vous suiviez. Il faut en tout cas un filet fin pour capter les formes subreptices de la bêtise : Voltaire, Flaubert, Proust, Albert Cohen, Umberto Eco, Gilles Deleuze… y excellèrent parmi d’autres. Car la bêtise ne se combat pas avec des tirs de plomb mais avec des traits de plume. Il suffit parfois d’un dessin. Saluons donc, parmi les dernières parutions qui ne manquent pas sur le sujet, l’album de Tiphaine Rivière, L’Invasion des imbéciles (Seuil, 128 p., 16,90 €). Yvonne, 107 ans, est chargée d’enquêter pour le compte d’un autre monde de l’espace-temps sur les formes du virus fort contagieux de la bêtise humaine. Tome 1 : la futilité. Yvonne, qui veut durer, a déterminé douze pathologies. On n’en a pas fini avec les imbéciles ! En attendant, c’est beau, c’est cruel et c’est drôle.

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Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
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