Le conservatisme national, un trumpisme même sans Trump
Ce courant rassemble des trumpistes, mais aussi des soutiens de son rival Ron DeSantis. Son chef de file est le philosophe israélien Yoram Hazony. Ses idées s’opposent aux Lumières, et vont jouer un rôle dans la reconquête du pouvoir par la droite américaine.
En décembre 2016, un groupe d’intellectuels conservateurs organisait un modeste rassemblement à Glen Cove, une petite ville de Long Island, dans l’État de New York (États-Unis), pour réfléchir au sens et aux conséquences de la dernière présidentielle américaine en date. « Beaucoup de conservateurs sont en deuil après l’élection de Donald Trump. Ce n’est pas notre cas », écrivaient alors deux d’entre eux, David Brog, un dirigeant de l’organisation Chrétiens unis pour Israël, et Yoram Hazony, un philosophe israélien. Dans ce scrutin et la victoire du Brexit au Royaume-Uni, eux voyaient deux événements « qui ont ouvert la porte à une renaissance du conservatisme ». Six ans après, leur mouvement a pris du poids. Organisé mi-septembre à Miami, le « NatCon 3 », la dernière conférence du « conservatisme national », a accueilli comme orateurs vedettes trois sénateurs, l’homme d’affaires Peter Thiel ou encore le gouverneur de l’État-hôte, Ron DeSantis, depuis largement réélu et vu comme un possible adversaire de Trump pour l’investiture républicaine en 2024. Coorganisateur de la manifestation, Yoram Hazony est lui désormais considéré comme l’un des intellectuels phares de la nouvelle droite américaine, et son dernier livre, Conservatism: A Rediscovery (« Conservatisme. Une redécouverte », non traduit, Regnery Gateway, 2022), un bréviaire pour le trumpisme... y compris sans Trump.
L’ouvrage offre un curieux mélange d’histoire intellectuelle, de théorie politique et d’autobiographie, sous la forme d’un chapitre final où Yoram Hazony raconte sa rencontre avec son épouse lors de ses études à Princeton au milieu des années 1980, en dressant au passage un portrait apocalyptique des mœurs de ses condisciples, « en train de se noyer », lors de week-ends avinés, « dans les abysses que le rationalisme des Lumières avait creusés ». Les Lumières, voilà l’ennemi. Si libéralisme (économique) et conservatisme sont parfois hâtivement confondus dans les médias, Hazony passe de longues pages à distinguer les deux. Le libéralisme, « en tant qu’idéologie politique, est dépourvu de tout intérêt à conserver la moindre chose » ; le conservatisme « envisage le redressement, la restauration, le développement et l’entretien des traditions nationales et religieuses comme la clef du maintien et du renforcement d’une nation dans le temps ». Le premier porte les libertés à leur paroxysme ; le second les tempère par la « retenue », les enracine dans une tradition historique. Pour Hazony, il n’existe pas, contrairement à ce qu’affirme la Déclaration d’indépendance de 1776, de vérités « évidentes pour elles-mêmes » : là où un Descartes (à qui il réserve de nombreuses flèches dans son ouvrage) clamait « Je pense, donc je suis », lui affirme qu’on pense comme on est.
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