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Généalogie

La double histoire du localisme

Octave Larmagnac-Matheron publié le 18 décembre 2020 6 min

Alors qu’un jeune transfuge de la France insoumise passé au Rassemblement national, Andréa Kotarac, vient de fonder avec Hervé Juvin le Parti localiste, une nouvelle formation politique qui se veut un « complément » au RN, la question de savoir si la « pensée locale » a une couleur politique revient sur le devant de la scène. Si traditionnellement, c’est plutôt la droite ultra-conservatrice, protectionniste et souverainiste, qui a tendance à s’en revendiquer (Marine le Pen en a fait l’un de ses derniers thèmes de campagne), la gauche actuelle est pourtant loin d’être insensible à l’argument local – en particulier dans sa dimension écologique, qui fait des circuits courts et des politiques de proximité une solution en premier lieu respectueuse de l’environnement. Alors, de droite ou de gauche, le localisme ? Éléments de réponse, en commençant par bien distinguer deux localismes historiques : l’identitaire (a priori de droite) et le politique (a priori de gauche).

 

Localisme identitaire

La première tendance du localisme s’enracine dans la pensée du philosophe Herder (1744-1803) : critiquant l’universalisme des Lumières, qui faisait de l’homme un individu abstrait, émancipé de toute attache, ce philosophe allemand du XVIIIe siècle réhabilite la diversité irréductible des peuples. Cette diversité est déterminée par le milieu singulier, le « sol natal » sur lequel un peuple vit. « Le jeune arbrisseau languit loin du sol natal de la simplicité », ajoute-t-il. Heidegger reprendra à son compte, au XXe siècle, cette idée que l’être des peuples est indissociable de leur « enracinement séculaire » dans une « terre nourricière », parce que ce « pays natal » est le cadre singulier de leur histoire. Mais là où Herder pensait en termes de pays, de nation, Heidegger ajoute le souci du lieu, du local, sous sa forme rurale : nous vivons, à ses yeux, une « crise de l'habitation [qui] réside en ceci que les mortels sont toujours à chercher l’être de l'habitation et qu’il leur faut d'abord apprendre à habiter. » Apprendre ou réapprendre à vivre « sur terre, sous le ciel, devant les divins », ce que ne permettent, en aucun cas, les grandes villes modernes. Symptôme de la démesure humaine, la ville est un non-lieu dépourvu de sol – et cette « absence de sol de la vie actuelle est la racine d’une décadence croissante. » (Heidegger, Bâtir, habiter, penser, 1958)

L’idée suivant laquelle le premier des vices de la vie moderne est son incapacité à demeurer quelque part – et son aspiration concomitante à un ailleurs – a nourri, dans les années 1970, certains théoriciens de la « nouvelle droite », en particulier Alain de Benoist, la tête pensante du Grece. Pour de Benoist, la modernité se caractérise par un refus du donné. C’est pourtant ce donné (le sol natal, la tradition, mais aussi le sang) qui définit nos identités. Le localisme est, de ce point de vue, indissociable d’un « ethno-différentialisme ». Il se distingue du régionalisme par l’insistance sur le lieu (locus), le cadre limité dans lequel il est possible à chacun de veiller sur sa propre identité, alors que la ville est le domaine de l’illimité, de l’anonymat, du brassage cosmopolite, et de la mondialisation dite « hors-sol ». Le local est, en ce sens, profondément conservateur : il est l’unité fondamentale qui permet de défendre les autochtones contre les « invasions » extérieures. À ce localisme est adossé, dès les années 1970, une écologie réactionnaire qui ne se préoccupe, non du dérèglement climatique mais surtout de la préservation des paysages, des cadres de vie dont la fixité doit être à l’image de celle de l’identité. 

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