La toile de l’araignée est-elle une extension de son cerveau ?
Comment pense l’araignée ? Avec sa toile, répondent, dans une étude, les biologistes Hilton Japyassú et Kevin Laland. La création de l’arachnide ferait pleinement partie du système cognitif de l’animal. Une thèse intrigante qui résonne avec de nombreux textes philsophiques.
« La cognition de l’araignée s’étend aux fils de la toile et à la configuration de celle-ci. » Telle est la conclusion d’une étude étonnante menée par les biologistes Hilton Japyassú et Kevin Laland, parue dans Animal Cognition. « La toile est une partie d’un système plus large qui accomplit une fonction cognitive particulière », continuent-ils. En l’occurrence, elle participe au moins à l’appareil sensoriel, en acheminant, par vibration notamment, des données jusqu’aux organes perceptifs susceptibles de les convertir en information intégrable par l’animal.
Les deux auteurs se réclament, explicitement, de la théorie de « l’esprit étendu » développée par Andy Clark et David Chalmers dans The Extended Mind (1998). L’idée, novatrice, peut être résumée simplement : l’esprit n’est pas localisé dans le cerveau ou le système nerveux, mais se déploie dans l’ensemble des choses investies par des processus mentaux. L’esprit est là où il a lieu, là où il s’appréhende et prend forme : dans le pense-bête, dans la note vocale, etc. Pour Laland et Japyassú, ce même genre de couplage intime existe entre l’araignée et sa toile.
La toile comme preuve d’ingéniosité
Sans aller jusqu’à la thèse, audacieuse, qui fait de la toile une extension du système cognitif de l’araignée, la toile entretient en tout cas depuis des siècles un rapport aussi étroit que complexe avec la vie psychique de l’arthropode. Nombreux sont les auteurs qui, dès l’Antiquité, voient dans la complexité et la régularité géométrique de la structure filamenteuse – piège mortel parfait, à sa manière – une preuve sinon d’ingéniosité, du moins d’une extrême habileté technique. Montaigne ira jusqu’à y voir une preuve d’intelligence, pas si différente de celle de l’homme : « Pourquoi épaissit l’araignée sa toile en un endroit et relâche en un autre ? Se sert à cette heure de cette sorte de nœud, tantôt de celle-là, si elle n’a délibération, et pensement et conclusion ? » (Essais) Si la construction de la toile procède peut-être de l’inné, son utilisation par l’araignée qui la parcourt, la fait vibrer, relève de processus cognitifs qu’on peut difficilement réduire à la simplicité de l’automatisme.
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