La fusion du travail et de la vie, rêve ou cauchemar ?

C’est donc reparti pour un tour ! Avec le reconfinement qui vient de commencer, un grand nombre de Français vont de nouveau basculer en télétravail, pour une durée d’au moins un mois. Expérience troublante, puisque les espaces et les tâches professionnelles et domestiques se confondent en un lieu depuis lequel nous devons en même temps rester en contact, à distance, avec l’univers du travail, au dehors. 

Mais cette expérience peut aussi être stimulante, puisqu’elle permet de faire bouger les lignes, parfois un peu artificielles, entre la vie et l’activité. Dans le dernier numéro de Philosophie magazine, en vente chez tous les marchands de journaux depuis ce jeudi mais également disponible sur abonnement numérique, nous nous demandons si cette épreuve ne s’inscrit pas dans un mouvement beaucoup plus large, celui de la fin de l’emploi du temps compartimenté. 

Le temps de la fusion du travail et de la vie serait-il venu ? Si tel est le cas, alors une question concrète se pose d’ores et déjà pour tous les salariés en « distanciel » : et si mon patron payait mon loyer (au tout au moins une partie) ? Ceux-ci sont en effet appelés à mettre une partie de leur espace privé à disposition de l’entreprise. Et à prendre en charge les frais : d’électricité, de chauffage, de connexion, d’impression, etc. 

Si la mesure devait se généraliser au-delà de la crise du Covid – comme de nombreuses entreprises sont en train de l’envisager –, ne peut-on imaginer que les économies que celles-ci seraient amenées à faire avec la réduction de leur « empreinte immobilière » soient reversées, en partie, aux salariés ? Nous avons interrogé syndicalistes, avocats, porte-parole de grandes entreprises, salariés passés en télétravail à 100 %, mais aussi un architecte-philosophe. À partir d’une question concrète, ils nous racontent comment la fusion du travail et de la vie reconfigure complètement nos existences.