James T. Kloppenberg. « Les États-Unis connaissent l’un de leurs pires moments de division »
Face à la radicalisation des républicains, Barack Obama a-t-il renoncé à son ambition de renouer avec le rêve américain ? Au contraire, soutient le politologue James T. Kloppenberg. C’est en s’inspirant du pragmatisme et de la voie délibérative chère aux Pères Fondateurs de la Nation américaine qu’il a su faire passer ses réformes.
Alors qu’il y a quatre ans Obama avait été élu sur une thématique de rassemblement et de dépassement des clivages, la campagne présidentielle a révélé un pays plus divisé que jamais. Comment expliquez-vous un tel paradoxe?
James T. Kloppenberg : Cette situation est entièrement due à la transformation du Parti républicain. En 2008, Obama est arrivé au pouvoir avec un attachement sincère à des solutions politiques reposant sur la coopération entre les deux partis, et c’est la voie qu’il a suivie, notamment pour sa réforme de la santé. D’ailleurs, lors de la convention démocrate de septembre dernier, Bill Clinton a souligné les efforts accomplis par l’administration en place pour que les républicains prennent part à la discussion de ce projet. C’est une méthode bien différente de celle employée par Clinton lui-même lorsqu’il avait tenté une première fois, en 1994, de faire passer cette réforme – l’entreprise s’était soldée par un échec. Ceux qui aujourd’hui critiquent Obama pour avoir trop voulu inclure les républicains dans le jeu ont la mémoire courte : c’était précisément faute d’avoir discuté du contenu de sa réforme en amont que Clinton avait échoué. Obama a eu raison de tendre la main à ses adversaires, pour l’assurance santé comme pour le « stimulus package » [le plan de relance de l’économie], car, même s’il s’est heurté à une opposition radicale de leur part, cette démarche a permis au moins de gagner le soutien de la frange conservatrice du parti démocrate qui n’était pas acquise au départ à ces projets. Ceux-là même qui accusent Obama d’avoir été trop naïf en voulant adopter une démarche bipartisane et trop peu ambitieuse pour ses réformes sont à mes yeux les plus candides : étant donné la courte majorité dont il disposait, c’est un pur fantasme que de croire qu’il aurait pu imposer un plan de relance plus massif ou une réforme de la santé rapprochant les États-Unis du modèle canadien ou français.
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