Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Emmanuel Macron, le 2 juin 2023. © Jacques Witt/SIPA

Politique

D’où vient la notion de “décivilisation” ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 25 mai 2023 5 min

« Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation », affirmait récemment Emmanuel Macron. Ce terme intrigue. Voici son histoire.


Civilisation et décivilisation

C’est à Norbert Elias (1897-1990) que l’on doit l’introduction de la notion de « décivilisation ». L’essentiel de l’œuvre du sociologue, La Civilisation des mœurs (1939) en particulier, s’attache à décrire l’histoire d’un long processus de raffinement des comportements et de discipline des conduites conduisant, dans le monde occidental, à un refoulement toujours plus strict des manifestations de perte de contrôle (phénomènes corporels passifs, pulsions morbides, etc.). Ce processus a un volet psychique : les normes de comportement sont intériorisées sur le mode de l’autodiscipline. Mais il a également un volet socio-politique. L’État et tout un ensemble d’institutions qui en dépendent jouent un rôle déterminant. Elias insiste en particulier sur l’exacerbation des logiques civilisatrices à la cour des monarques absolus (qu’il nomme curialisation), ou encore sur le monopole de la violence légitime revendiqué avec succès par l’État, qui impose aux individus le renoncement à la brutalité.

Cependant, note Elias, la civilisation porte en elle un risque, celui de la décivilisation. Ce risque n’est pas uniquement extérieur : il est endogène au processus de civilisation. Plus la discipline des comportements s’intensifie, plus elle suscite de frustrations, de ressentiments. Les tensions pulsionnelles s’accumulent. Elias s’inspire du Malaise dans la civilisation (1930) de Freud, qui soulignait combien le processus de civilisation exacerbe la « pulsion de mort » qu’il cherche à endiguer. Dès lors, si cette tension pulsionnelle se conjugue avec un effondrement des institutions normatives et régulatrices, avec l’ébranlement des routines et des repères habituels, la déflagration est potentiellement dévastatrice. L’exemple, pour Elias ? La faiblesse de la République de Weimar, entre 1918 et 1933, incapable de revendiquer le monopole de la violence légitime, et dont la dissolution a conduit à la barbarie nazie. À quatre reprises, Elias parle d’Entzivilisierung (littéralement « décivilisation », donc), dans le recueil Les Allemands (1989). Elias évoque « la grande poussée de barbarisation, qui [s’est produite] en Allemagne sous [s]es yeux » : « Il y eut effectivement dans le national-socialisme, une tendance latente à se laisser aller, au relâchement de la conscience morale, à la grossièreté et à la brutalité. » Emmanuel Macron semble opérer un constat proche, toutes proportions gardées : « Le sens de l’histoire des sociétés a toujours été de réduire la part des pulsions pour accroître le respect de l’autre ; dans le monde entier, depuis un certain nombre d’années, c’est le mouvement inverse qui semble s’amorcer. »

Expresso : les parcours interactifs
Jusqu’où faut-il « s’aimer soi-même » ?
S'aimer soi-même est-ce être narcissique ? Bien sûr que non répondrait Rousseau. L'amour de soi est un formidable instinct de conservation. En revanche, l'amour propre est beaucoup plus pernicieux...Découvrez les détails de cette distinction décisive entre deux manières de se rapporter à soi-même.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
9 min
Pourquoi les « gilets jaunes » sont les héritiers de la Commune de Paris
Pierre Vesperini 19 février 2021

Les célébrations du 150e anniversaire de la Commune, cette insurrection des Parisiens contre une Assemblée hostile aux couches les plus…

Pourquoi les « gilets jaunes » sont les héritiers de la Commune de Paris

Article
3 min
Camus et le choc des civilisations en 1946
28 novembre 2013

« Le problème russo-américain […] va être dépassé lui-même avant très peu : ça ne sera plus un choc d’empires, nous assisterons à un choc de…

Camus et le choc des civilisations en 1946

Article
10 min
Renaud Garcia : “Le vrai problème posé par les ‘déconstructionnistes’ est leur attaque de l’idée de nature”
Samuel Lacroix 15 mars 2022

Dans Le Désert de la critique, qui vient de reparaître aux éditions de L’Échappée avec une nouvelle préface de l’auteur, le philosophe anarchiste…

Renaud Garcia : “Le vrai problème posé par les ‘déconstructionnistes’ est leur attaque de l’idée de nature”

Article
5 min
Les philosophes derrière les gilets jaunes
Cédric Enjalbert 07 décembre 2018

En faveur de la mobilisation des “gilets jaunes”, des philosophes de tous bords prennent la plume pour la défense de la “décence ordinaire”. Tour…

Les philosophes derrière les gilets jaunes

Bac philo
2 min
La société
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

La société désigne un ensemble d’individus reliés entre eux par une culture et une histoire. Il est donc abusif de parler de sociétés animales qui ne se perpétuent que par hérédité – non par héritage –, mais pertinent de parler de…


Article
3 min
Le fabuleux destin d’un transfuge de classe devenu universitaire
Jean-Marie Durand 27 juin 2022

Jamais personne ne vient de nulle part, sauf si ce nulle part fait l’objet d’un rejet viscéral, conscient ou non. Car ce « nulle part »…

Le fabuleux destin d’un transfuge de classe devenu universitaire

Article
9 min
Jean-Claude Monod : “Macron, c’est l’Université en mode start-up”
Marius Chambrun 22 février 2022

Dans un discours prononcé le 13 janvier dernier à l’occasion du 50e anniversaire du congrès de la Conférence des présidents d’université, Emmanuel…

Jean-Claude Monod : “Macron, c’est l’Université en mode start-up”

Article
2 min
Pierre Arditi. Mémoire cash
Cédric Enjalbert 23 octobre 2014

Il a interprété La Vérité, une pièce de Florian Zeller, et s’attaque au Mensonge du même auteur, en janvier au Théâtre Édouard-VII, à Paris : l’un…

Pierre Arditi. Mémoire cash

À Lire aussi
De la philosophie à l’économie : Emmanuel Macron, ex-ministre
De la philosophie à l’économie : Emmanuel Macron, ex-ministre
août 2016
L’art oratoire d’Emmanuel Macron
L’art oratoire d’Emmanuel Macron
Par Nicolas Tenaillon
novembre 2021
Frédéric Gros : “Une violence qui bénéficie à tous, sauf aux victimes”
Par Frédéric Gros
décembre 2018
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. D’où vient la notion de “décivilisation” ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse