Apocalypse manga

Une recension de Philippe Nassif, publié le

À rebours de l’industrie culturelle américaine qui, du pop art aux blockbusters hollywoodiens, aura participé à une falsification joyeuse d’un présent tragique, la pop culture japonaise innervée par les radiations d’Hiroshima, aura inventé un genre de divertissement qui parvient à dire la vérité. Tel est le destin du manga mis ici en lumière avec hauteur de vue (Aby Warburg ou Walter Benjamin sont de la partie). Pierre Pigot montre combien, de Gen d’Hiroshima au nihiliste Akira en passant par les opérations alchimiques de Miyazaki en son Château ambulant, les images made in Japan composent en fait une traversée de l’apocalypse nucléaire. Elles confrontent le Japon à la rupture irrémédiable du cycle de vie millénaire… pour finalement s’ouvrir à la possibilité d’un au-delà de la catastrophe : avec la géniale saga One Piece d’Eiichirô Oda, œuvre populaire et inattendue de la fin des années 1990, l’apocalypse laisse place à « l’aventure, ou comment rebâtir un espace éthique en temps de détresse ».

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