Hannah Arendt et Walter Benjamin : le naufrage de l’Histoire
C’est dans le Paris des années 1930 que Arendt fraternise avec Walter Benjamin. Fils d’un marchand d’art, proche de Gershom Scholem, de Brecht et de Theodor Adorno, il est l’une des figures dissidentes de l’École de Francfort : il entretiendra des liens ombrageux avec ses fondateurs, Horkheimer et Adorno, qui le soutiennent financièrement mais refusent de publier ses textes lorsque ceux-ci ne sont pas conformes à la ligne marxisante de l’École – une attitude qui révulse profondément Arendt. Ayant fait un séjour à Moscou dont il est revenu dégrisé, Benjamin est un homme de lettres sans attaches académiques ou institutionnelles, une singularité comme les aimait Arendt : il collectionne les livres et les citations, traduit Proust et Saint-John Perse, mêle la Bible et Kafka et cherche partout des « correspondances », au sens de Baudelaire, pour ranimer dans le monde de fer du XXe siècle quelque chose de l’esprit romanesque et enchanté du XIXe. Cousin éloigné de Günther Stern, il a fui l’Allemagne en 1933 pour Paris, cette « capitale du XIXe siècle » – du nom de son grand-œuvre inachevé – où il se sent chez lui, parce qu’elle est un théâtre public où l’intérieur et l’extérieur s’échangent – comme dans les fameux passages des IIe et IXe arrondissements –, et qu’elle laisse place à la « flânerie », qui est plus qu’une déambulation corporelle, le nouveau mode de pensée que requiert une histoire en miettes. « Au flâneur, écrira plus tard Arendt, qui est celui qui erre sans but au milieu des foules des grandes villes, dans une attitude opposée à leur affairement utilitaire, les choses se révèlent dans leur signification secrète. “L’image vraie du passé est fugitive” et le flâneur, seul, reçoit le message dans son errance nonchalante. »
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
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