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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Perpignan, 1er mai 2021. Banderole des étudiants regroupés sous la bannière Force ouvrière lors de la manifestation annuelle du premier mai, organisée par les organisations syndicales des Pyrénées-Orientales et rejointes par la France insoumise, les Gilets jaunes et les Antifascistes de Perpignan. © Jc Milhet/Hans Lucas/AFP

Tribune

Le bac philo en question

Audrey Jougla publié le 15 juin 2021 3 min

L’épreuve de philosophie – seule épreuve écrite à se tenir, cette année, en « présentiel » – est au cœur de vives polémiques. Pour certains enseignants, la correction numérique imposée des copies « dénature le travail du professeur ». Pour d’autres, le fait que la note obtenue lors de l’examen soit prise en compte seulement si elle est supérieure à celle du contrôle continu vide l’épreuve de son sens et de son intérêt. C’est l’opinion de la jeune philosophe et enseignante Audrey Jougla : « Plus de risque, plus d’angoisse, plus de baptême du feu », « en retirant la difficulté, on soustrait aussi le mérite, et par là même, la fierté d’avoir vaincu ».

 

« Seule épreuve écrite finale du nouveau baccalauréat, étrenné non sans difficultés cette année, la philosophie avait, quelque part, été épargnée par la réforme de l’examen. Jusqu’à présent, cette épreuve ouvrait le bal des épreuves du bac pour les lycéens, laissant les journalistes commenter allègrement les sujets tombés.

Cette année, la philosophie semblait avoir survécu aux annulations d’épreuves. Mais lorsque Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé que sa notation serait comptabilisée uniquement si la note s’avérait meilleure que la moyenne annuelle de l’élève, il a déclenché l’ire des professeurs. Au-delà de l’enjeu disciplinaire, que symbolise cette épreuve ? Pourquoi semble-t-elle emblématique du baccalauréat ? Et qu’est-ce que le statut d’épreuve hypothétique contrarie en nous ?

L’exercice de la dissertation de philosophie est une spécificité française, qui s’est généralisée à tous les élèves à partir de 1866. Au départ, il s’agissait de restituer des connaissances, bien plus que de faire preuve de réflexion ou d’esprit critique. L’année de terminale, alors appelée “classe de philosophie”, achevait le parcours du lycéen. En 1874, le Conseil supérieur de l’instruction publique note que “la composition philosophique est la seule épreuve qui permette de juger si le candidat s’exprime véritablement en français”. Toutefois, ce ne sera qu’à partir de 1960 que la dissertation invitera réellement à une réflexion approfondie.

Si la dissertation de philosophie reste la clef de voûte du baccalauréat, elle reste, également, redoutée. Rappelons que l’écart des notes entre la philosophie et les autres matières est souvent important ; en 2001, 80% des élèves n’obtenaient pas la moyenne, et 20% avaient entre 0 et 6/20. 

Aujourd’hui la notation s’est transformée. Les injonctions à faire preuve de souplesse ou de bienveillance se sont accrues – et d’autant plus renforcées avec la procédure de Parcoursup en 2017, qui tient compte des bulletins scolaires des élèves pour leurs inscriptions dans le supérieur, puis de nouveau avec la nouvelle conception du baccalauréat, qui fait une place au contrôle continu annuel.

Cette année, l’épreuve de philosophie devient la seule épreuve finale nationale anonyme, ce qui la renvoie, quelque part, à son statut initial. À ceci près qu’elle ne s’enseigne plus à une élite, heureusement, mais bien à tous les élèves du lycée général et technologique, et ce, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la massification de la scolarisation dans le secondaire.

L’épreuve de philosophie n’est aujourd’hui plus seulement liée à l’usage du français ou à la pertinence de la réflexion ; c’est aussi un rite de passage. Difficile, longue, angoissante : elle a dû être préservée pour que le baccalauréat lui-même conserve son aura. Celle du rite initiatique dont on ressort grandi, apte pour la vie étudiante. Important, ce symbole ? Capital, même – plus que son obtention, le “passage” du bac marque la fin d’un cycle. Cette symbolique s’avère justement majeure pour une génération d’élèves qui n’aura pas connu d’épreuves de français en classe de première en 2020. De quoi goûter un peu au stress, au vertige de l’examen, celui qui nous empêche de dormir la veille, ou nous force à rêver de sujets impossibles la nuit précédente.

Mais en conditionnant la note de l’épreuve seulement à une note meilleure que la moyenne annuelle, tout cet enjeu semble avoir été emporté : plus de risque, plus d’angoisse, plus de baptême du feu. On ne joue plus son année de travail – simplement une meilleure note possible. Les élèves ont leur moyenne annuelle en philosophie comme filet de sécurité. Du jamais-vu pour une épreuve de bac, justifiée par un contexte exceptionnel. 

C’est alors oublier qu’en retirant la difficulté, on soustrait aussi le mérite, et par là même, la fierté d’avoir vaincu. Certains élèves auraient aimé être éprouvés, et vivre cette expérience, celle qui tient aussi à l’ambiance d’une salle d’examen où la concentration est à la mesure de l’enjeu. Conserver un examen en le vidant de sa sentence et de sa fébrilité revient alors à le nier. Là où décroît le péril, décroît aussi ce qui sauve, pourrait-on dire en paraphrasant Hölderlin. »

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