Rentrée scolaire: le chemin des réformes

Nouveaux rythmes scolaires, « ABCD de l’égalité », réforme de la notation… Najat Vallaud-Belkacem, la nouvelle ministre de l’Éducation qui succède à Benoît Hamon dans le second gouvernement constitué par Manuel Valls, affirme maintenir l’orientation générale des réformes en cours, à commencer par l’application de la semaine de quatre jours et demie.

Rythmes scolaires

Pourtant, selon un sondage CSA pour RTL publié lundi 1^er septembre, à la veille de la rentrée scolaire, 60% des Français désapprouvent la réforme des rythmes scolaires. Un précédent sondage, l’an passé, révélait au contraire 53 % d'opinions positives.

La question est-elle bien posée ? À l’évidence non, pour le psychologue Jean-Claude Quentel. Selon lui,

« La question des rythmes scolaires est ainsi doublement mal posée : à partir de la terminologie employée, elle opère d’abord une réduction naturaliste fallacieuse, accordant une importance excessive au biologique, là où devraient être mis au premier plan les aspects sociaux et psychologiques du problème. […] La question se concentre, en outre, sur les “besoins” supposés d’un enfant, alors qu’on débat en réalité de l’aménagement du temps dans la société et de la fonction des parents et des éducateurs. Ces débats concernent l’organisation des adultes plutôt que le bien-être des enfants. »

Face aux maires qui menacent de boycotter la réforme et à tous les élus, parents d'élèves, animateurs, membres du collectif des Gilets jaunes, qui appellent à manifester le 6 septembre, Najat Vallaud-Belkacem reste ferme : « la loi s’appliquera partout et il n’y aura pas d’exception ».
 

Culture de l'égalité

Pour avoir défendu les « ABCD de l'égalité » lorsqu'elle était ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem est taxée d’être la « porte-parole d’une idéologie dangereuse » par Éric Ciotti. À quelle idéologie songe le député UMP ? À la prétendue « théorie du genre », accusée de pervertir l’éducation des enfants, contre laquelle les partisans de la « manif pour tous » se sont déchaînés l’an passé. Un épouvantail qui n'a d'autre fondement que la peur du désordre social et moral, une haine dont l’ambition étaient de « réaliser une union sacrée entre l’extrême droite traditionaliste – heurtée par le mariage homosexuel – et les musulmans radicaux de France – qui ne souhaitent pas cette égalité des sexes », écrivait Alexandre Lacroix dans un article intitulé: « Qui veut travestir les études sur le genre? »

Car qu’indiquait la circulaire envoyée aux enseignants – ou « ABCD de l’égalité » ? Rien de révolutionnaire, sinon que les écoles doivent « favoriser la mixité et l’égalité entre les hommes et les femmes »…

La ministre refuse les « polémiques stériles ». L'expérimentation a d’ailleurs été remisée en juin par son prédécesseur au profit d’un « plan d'action » de la formation des « personnels éducatifs » en vue de «transmettre une culture de l'égalité, de la mixité et du respect entre filles et garçons».
 

Évaluation

Dernier sujet sensible, la question de l'évaluation des élèves. Benoît Hamon avait évoqué le caractère décourageant de notre système de notation. Plutôt que de renoncer à la notation sous sa forme classique chiffrée est-il possible d’en limiter les effets secondaires négatifs ? C’est la question posée par Philosophie magazine dans l’article « Comment en finir avec la peur d’être noté ? », à lire dans le numéro en cours (septembre 2014). Trois pistes : supprimer le caractère public de la note ; ne pas intégrer toutes les notes dans la moyenne finale ; intégrer l’idée qu’en notant la classe les enseignants s’évaluent eux-mêmes. Ne « pas à supprimer les notes mais à rendre l'évaluation plus exigeante, pour qu'elle stimule les élèves au lieu de les décourager », c’est aussi l’ambition de Najat-Vallaud Belkacem. En aura-t-elle les moyens ?