Yohanan Benhaïm : “Erdoğan adopte un discours nationaliste faisant de la survie de l’État une angoisse existentielle”
Lors des élections de mai, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de vingt ans, a remporté le premier tour dans un contexte de fièvre nationaliste qui s’empare de tout le champ politique turc. Analyse du chercheur Yohanan Benhaïm.
Malgré les espoirs d’une alternance, la coalition d’opposition n’a réuni que 45 % des voix au premier tour, 4 points derrière Recep Tayyip Erdoğan, favori pour le second tour. Comment l’expliquez-vous ?
Yohanan Benhaïm : Malgré des résultats en faveur du pouvoir, l’opposition n’avait pas tort d’être optimiste : l’AKP, le parti d’Erdoğan, a perdu sept points par rapport aux dernières élections, et ce dernier se retrouve pour la première fois contraint à un second tour pour une élection présidentielle. Avec la crise économique et l’inflation qui frappent le pays depuis 2018, et le tremblement de terre de février, l’AKP subit une certaine usure du pouvoir. À mon sens, le résultat est autant une victoire d’Erdoğan, qui parvient à garder la majorité au parlement, qu’un échec de l’opposition à aller chercher, au-delà des classes moyennes, l’électorat populaire et conservateur. Ce qu’il faut retenir, c’est que le centre de gravité de la politique turque se situe aujourd’hui autour d’un large consensus nationaliste qui transcende les coalitions, représenté aussi bien dans l’alliance au pouvoir que dans l’opposition.
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