Une œuvre d’art peut-elle ne pas être belle ?
Analyse des termes du sujet
« Une œuvre d’art »
Création esthétique particulière comme un tableau, un poème, un opéra…
« peut-elle »
En a-t-elle la possibilité, en a-t-elle le droit ?
« ne pas être belle »
Être laide ou être indifférente pour le spectateur, neutre du point de vue de ses émotions.
Défrichage
Premières intuitions
A priori, ce qui fait d’une création esthétique une œuvre d’art, c’est sa capacité à émouvoir le spectateur de manière positive. La beauté paraît être le but de l’art. Les œuvres les plus réussies ne se retrouvent-elles pas dans les musées des « Beaux-Arts » ?
Une œuvre d’art qui ne serait pas belle serait donc une œuvre qui n’atteint pas son but, une production « ratée », soit à cause de la médiocrité de l’exécution, soit en raison de l’incompréhension qu’elle suscite. Pourtant, certaines œuvres semblent viser ostensiblement le laid ou du moins se désintéresser de la beauté.
Il se pourrait bien alors que le beau ne soit pas une catégorie esthétique contraignante pour tout artiste. Mais pourquoi la remettre en cause ? Quel message délivre une œuvre qui prend le risque de déplaire au goût ?
Exemples qui viennent à l’esprit
La nouvelle d’Honoré de Balzac Le Chef-d’œuvre inconnu (1831) raconte la quête de la beauté pure de Frenhofer, peintre du XVIIe siècle qui travaille depuis dix ans sur un tableau La Belle Noiseuse. Mais l’excès de recherche de la perfection rend l’œuvre inaccessible sinon laide. Se sentant incompris, Frenhofer brûle ses toiles et meurt dans l’incendie de son atelier.
Le recueil de poèmes de Charles Baudelaire Les Fleurs du mal (1857), assume l’idée que la beauté ne vient pas de la valeur de l’objet représenté mais de la manière d’en parler. La charogne, le poison, le sang peuvent inspirer les plus belles œuvres. La laideur peut cacher la beauté. Jugé décadent et dangereux, le recueil sera condamné pour « outrage à la morale publique ».
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