Sur une plage abandonnée
D’ici à 2100, la moitié des plages de sable, qui occupe plus d’un tiers du littoral dans le monde, pourrait disparaître selon une étude publiée lundi 2 mars dans la revue scientifique Nature.
En cause ? Le dérèglement climatique et l’effet de l’érosion liée aux activités humaines : les tempêtes, les aménagements côtiers, auxquels il faut ajouter les prélèvements de sable et l’élévation du niveau de la mer.
Parmi les pays concernés par ce phénomène, l’Australie serait la plus touchée avec plus de 12 000 km en danger, soit environ 40 % de son littoral sableux, suivie par le Canada, le Chili, le Mexique, la Chine, les États-Unis, la Russie et l’Argentine.
Le bord de mer est d’autant plus fragile qu’il est le visage du changement par excellence, de la transformation incessante, comme le rappelle le philosophe Pierre Cassou-Noguès. Souvenons-nous que l’aménagement balnéaire a rapidement transformé des lieux parfois hostiles en lieux de plaisance et de repos.
Comme il le montre dans Métaphysique d’un bord de mer (Cerf, 2016), la plage est une invention. En France, par exemple, le bassin d’Arcachon n’était au XVIIIe siècle qu’un paysage de dunes “affreuses” bordé d’une mer “effrayante”. En un siècle, il est devenu un lieu de villégiature prisé, où jouir du plaisir du bain, une “mer travaillée par l’humain, endiguée par des promenades plantées de beaux arbres et gardant quelque chose d’un passé indéfini, multiple et contradictoire, une nostalgie de temps qui n’ont jamais existé”.
Ainsi, le bord de mer invite à adopter un certain rapport métaphysique au monde. Il procure une expérience qui “engage une transformation des corps, de la temporalité, de la vie elle-même”.
Selon le philosophe, “notre métaphysique usuelle, celle du temps linéaire, des choses, isolées, désignées par un mot, sur l’arrière-fond d’un monde, un sol immobile jusqu’à l’horizon, vers lequel nous pouvons marcher, cette métaphysique est celle de la terre. La mer en engage une autre. Et peut-être y aurait-il dans la pleine mer, une pure métaphysique de la mer, ou de la mer et de la lumière. Un bord de mer, cependant, est un équilibre, instable, entre différents éléments, produisant une sorte de friction entre eux, avec des incohérences et des aberrations.”
Sous l’effet de l’entropie et du changement climatique, cet équilibre aussi esthétique que métaphysique, nous apprêtons-nous à le perdre ?
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