Tanella Boni. Faire face à l’exil

Isabelle Sorente publié le 5 min

Brillante étudiante dans la France des années soixante-dix, devenue professeure de philosophie en Côte d’Ivoire, Tanella Boni quitte en 2004 son pays en proie à la violence. Depuis lors, abandonnée par les institutions françaises, elle trouve dans l’écriture un refuge et une raison de vivre.

C’est à 16 ans qu’elle effectue son premier séjour en France et découvre Paris, en 1970. La jeune élève du lycée religieux Sainte-Marie à Abidjan vient de remporter le concours général de français. L’année -suivante, elle décrochera celui de philosophie : Tanella Boni est une élève brillante. À 17 ans, elle est bouleversée par Gide et saint Augustin. « Leurs livres me touchaient, ils créaient en moi la nécessité du questionnement. Je me souviens encore de mon émotion en lisant les Confessions. » Sa sœur aînée, qui a fait des études de psychologie, l’encourage dans ses lectures.

Tanella Boni en six dates

  • 1954 : Naissance à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
  • 1987 : Doctorat d’État en philosophie à la Sorbonne. Élève d’Emmanuel Levinas, Pierre Hadot et Pierre Aubenque.
  • 2004 : Départ de Côte d’Ivoire. 2005 : Matins de couvre-feu, roman (Le Serpent à Plumes).
  • 2006 : Les nègres n’iront jamais au paradis, roman, (Le Serpent à Plumes).
  • 2008 : Que vivent les Femmes d’Afrique ?, essai (Éditions du Panama).

« Ma sœur a été pour moi comme une seconde mère. Elle m’a nourrie, intellectuellement et affectivement. » À peine son bac passé, Tanella Boni est confrontée à un premier choix.
« À l’époque, en Côte d’Ivoire, les bacheliers étaient orientés en fonction des besoins des administrations. Les établissements manquaient de professeurs d’allemand, j’étais douée dans cette langue, alors j’étais destinée à enseigner l’allemand. » La jeune fille hésite. Ses résultats scolaires lui permettent en effet d’obtenir une bourse de l’État français pour aller étudier la philosophie à Toulouse. Elle fait le choix, -finalement, de suivre sa vocation.

Expresso : les parcours interactifs
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