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Le chanteur iranien Shervin Hajipoor. Capture d’écran d’une vidéo YouTube de la chanson “Baraye” (“برای”).

“Protest songs” et lois de la cité

Victorine de Oliveira publié le 12 octobre 2022 3 min

« Pour la liberté de danser dans la rue, […] pour nos mères et nos sœurs disparues, […] pour l’humiliation de ne plus pouvoir nourrir sa famille, […] pour tous ces interdits extravagants, pour nos intellectuels derrière les barreaux, […] pour tous les antidépresseurs qu’on consomme » : ces quelques vers sont tirés d’une chanson devenue virale depuis que son auteur, l’Iranien Shervin Hajipoor, l’a postée sur son profil Instagram quelques jours après la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier. Victorine de Oliveira nous en dit plus dans son édito du jour…

 

« Baraye (برای,“pour”, ou “à cause de” en fārsī) est depuis presque un mois de toutes les manifestations, de tous les rassemblements, en Iran et dans le monde, et ce malgré la suppression forcée de la vidéo, l’arrestation de son auteur puis sa libération mardi dernier, en l’échange d’excuses probablement extorquées sous la menace ou la torture. Dimanche, le chanteur de 25 ans est en effet réapparu sur les réseaux sociaux pour dire qu’il souhaitait “rester en Iran” et se désolidariser de toute influence étrangère.

“Nous la chantons tous ensemble à la fac”, m’écrit Shirin depuis Téhéran. On a vu passer des vidéos d’écolières iraniennes l’entonner cheveux dénoués, d’étudiants la scander face aux forces de police armées. Il y a une dizaine de jours lors d’un rassemblement en soutien au mouvement de révolte iranien place de la République à Paris, les manifestants ont repris ce chant devenu un hymne, un symbole. En quelques jours à peine après sa publication, Baraye est entrée dans le club plutôt fermé des protest songs.

La protest song, ou chanson contestataire en bon français, est immanquablement associée aux années 1960 et à un chanteur folk, souvent seul avec sa guitare, dont la voix éraillée et les jambes maigrelettes pensaient changer le monde avec le soutien de quelques accords simples. Bob Dylan, Woody Guthrie, Pete Seeger ou Joan Baez ont-ils changé le monde ? Cela se discute. On peut néanmoins reconnaître que des morceaux comme Hurricane (1975), dédié au boxeur noir Rubin “Hurricane” Carter condamné à tort pour le meurtre de trois personnes blanches, ou We Shall Overcome, un gospel devenu classique des marches pour les droits civiques, ont galvanisé les foules et cristallisé les opinions. Avec la simplicité de son dispositif (Hajipoor s’est filmé seul devant son clavier) et de sa construction harmonique, Baraye avait tout pour entrer dans cette prestigieuse lignée.

Mais ce qui ajoute encore à sa force, c’est sa dimension collective. Le jeune musicien n’a en effet pas “écrit” au sens propre cette chanson. Les paroles sont une suite de tweets publiés par des Iraniens anonymes sous le hashtag #baraye, dans lesquels chacun donnait une raison de descendre dans la rue au péril de sa vie. Cela donne une chanson contestataire incarnée par une seule voix qui en agrège des milliers d’autres.

En Iran, faire de la musique suppose une autorisation des religieux au pouvoir, qui ont sans doute compris, comme Adimante dans La République de Platon, que lois de la musique et lois de la cité étaient inextricablement liées : “[La musique] ne produit rien d’autre, si ce n’est qu’elle s’établit lentement, alors que tranquillement elle s’infiltre dans les mœurs et dans les occupations. À partir de là, elle gagne en puissance, elle atteint les contrats que les hommes passent les uns avec les autres, et des contrats elle se dirige vers les lois et les constitutions politiques avec une totale impudence, Socrate, jusqu’à ce qu’elle finisse par renverser tout ce qui tient du privé comme du public.” Et encore, Adimante, tu n’imaginais pas la portée des réseaux sociaux… »

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