Pourquoi l’Amérique redoute-t-elle la Sécu ?
À RELIRE. Incompréhensible en France, l’hostilité dans l’opinion américaine au plan de santé de Barack Obama s’explique par une autre conception de la liberté et de l’État.
Les faits
Barack Obama entrera-t-il à nouveau dans l’histoire avec sa réforme de la santé ? Fidèle à sa promesse de campagne électorale, le Président fait le pari d’un projet sur lequel plusieurs de ses prédécesseurs ont échoué : offrir une couverture médicale à tous les Américains. Son chantier, lancé depuis mars, prévoit une intervention croissante de l’État fédéral pour réguler un système de santé très coûteux (16 % du PIB) et laissant près de 50 millions de citoyens sans couverture. Après un accueil favorable des milieux de santé au printemps, le plan Obama s’est arrêté aux portes du Congrès fin juillet alors que le Président espérait un vote des parlementaires avant la trêve estivale. Le coût estimé de la réforme, près de 1 000 milliards de dollars sur dix ans, a refroidi les élus, dont bon nombre de démocrates. Le contenu même du projet vise à une régulation accrue du système de santé : aides financières pour une couverture santé pour tous ; contraintes sur les employeurs pour qu’ils assurent leurs employés ; régulation croissante des pratiques des assurances. De quoi inquiéter ceux qui s’opposent à l’intervention de l’État. La principale pierre d’achoppement reste la création d’un système d’assurance publique venant concurrencer celles du privé qui, aujourd’hui, se partagent un marché sur lequel les prix grimpent. Tout l’été, des activistes de droite se sont mobilisés contre le projet, prenant d’assaut des réunions publiques. Point d’orgue de ce débat tournant à l’irrationnel : les déclarations de Sarah Palin, ancienne colistière du candidat républicain, accusant Obama de vouloir créer des « commissions de la mort » en vue de rationner les soins et qualifiant son plan d’« incarnation du mal ».
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