Pour ou contre : la question en débat

Barack Obama est-il à la hauteur de ses ambitions ?

Benjamin Barber, Ken Weinstein, propos recueillis par Julien Charnay publié le 4 min

À l’approche des élections de mi-mandat, le président des États-Unis doit faire face à une opinion publique inquiète, minée par la crise. Si Obama a mené à bien des réformes ambitieuses, son interventionnisme passe mal dans un pays libéral. En atteste l’opposition de ces deux grands intellectuels américains.

« Oui, le Président renoue avec Jefferson et Roosevelt. »

Benjamin Barber

Il faut resituer l’action d’Obama au vu de l’épouvantable marasme dans lequel George W. Bush a laissé le pays.

Sa réforme de la santé, historique, est la consécration d’un travail de deux générations puisque Jimmy Carter et Bill Clinton s’y étaient essayés sans succès. Étant donné la prééminence d’une philosophie néolibérale, l’extension de la couverture santé à près de 40 millions de citoyens jusque-là exclus du système relève du miracle.

D’une façon plus générale, les importantes réformes engagées en politique intérieure (relance de l’économie, régulation du secteur financier) marquent le retour à une tradition intellectuelle favorable à l’intervention du gouvernement dans l’économie. L’idée d’un État œuvrant au bien commun, garant de la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, a d’abord trouvé un écho au XVIIIe siècle chez certains Pères fondateurs tels les philosophes Samuel Adams, William Penn ou encore Thomas Jefferson. Cette même vision inspira, au XIXe siècle, Abraham Lincoln, défenseur de l’intégrité de l’Union pendant la guerre de Sécession et fer de lance du combat pour l’abolition de l’esclavage. Elle a aussi inspiré Theodore Roosevelt, qui s’attaqua aux monopoles et à qui l’on doit la création des parcs naturels. Enfin, cette philosophie triomphe au XXe siècle avec, dans les années 1930, le New Deal de Roosevelt puis, dans les années 1960, le projet de « Grande société » de Johnson.

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