Petite histoire de la “grande Sécu”
Élaborer une « grande Sécu », pour élargir la prise en charge de soins par la Sécurité sociale au détriment des mutuelles ? L’idée a été émise par le ministre des Solidarités et de la santé Olivier Véran fin novembre. Même si le projet a peu de chances d’aboutir dans l’immédiat, il pourrait s’avérer être une mesure phare de la campagne de réélection du candidat Macron en 2022. Mais d’où vient cette ambition, qui est loin de faire l’unanimité ? Proudhon et Durkheim nous éclairent sur les deux conceptions de la Sécurité sociale aujourd’hui en question.
Au commencement étaient les mutuelles
L’idée d’une assurance collective n’est pas nouvelle, loin de là. Dans l’Antiquité comme au Moyen Âge, le principe d’une assurance collective existait déjà. Mais, c’est surtout avec la révolution industrielle (qui commence, en France, dans les années 1820-1830) que se développent les premières sociétés de secours mutuels. Avec le développement de l’industrie et du salariat, les risques encourus au travail, notamment, deviennent plus importants, alors même que l’État n’intervient pas dans le domaine des risques. Malgré la loi Le Chapelier de 1791 (interdisant tout groupement professionnel), les sociétés de secours mutuels se propagent dans la quasi-clandestinité, poussées par une masse toujours plus importante de travailleurs précaires. Mais peu à peu, l’État intervient pour encadrer les mutuelles, principalement avec la « mutualité impériale » de 1852 puis la Charte de la mutualité de 1898.
En France, le revirement décisif s’effectue après la Première Guerre mondiale. Comme l’explique Michel Dreyfus, historien spécialiste de la Mutualité, « l’une des conséquences décisives de la Grande Guerre […] est la découverte du rôle de l’État. » À partir de cette période, l’État fait définitivement main basse sur le système pléthorique des assurances sociales en édifiant des lois de protection sociale, tel que l’élargissement des retraites ouvrières et paysannes.
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