Pourquoi être conformiste ? Petit éloge des moutons
Nous détestons les moutonniers sans personnalité. Mais à l’âge de l’hyper-individualisme, on peut trouver, comme Montaigne, certaines vertus au conformisme. Démonstration… originale.
Une attitude indéfendable ?
Terme d’origine britannique, le « conformism » désignait chez les anglicans le fait de suivre les rites de l’Église dominante. Une attitude passive mais prudente, politique et religion étant liées. Attitude problématique aussi, parce que loin d’être neutre, cette passivité favorise le conservatisme et les abus de pouvoir. C’est cette tyrannie de la coutume que dénonce La Boétie dans De la servitude volontaire (1576) ou encore Kant dans son opuscule Qu’est-ce que les Lumières ? (1784) lorsqu’il appelait les Prussiens à s’émanciper de la tutelle du régime despotique de Frédéric II, fournissant par la même occasion aux Lumières sa devise : Sapere aude ! (« Ose penser par toi-même ! ») Le conformisme semble alors indéfendable. D’autant qu’il sert non seulement les pouvoirs les plus anciens mais plus encore la perversion des plus récents : les régimes totalitaires. Grand manipulateur de foule, le guide totalitaire détruit tout sens critique par la peur des autres et surtout de soi-même. Ainsi le jeune Marcello, héros du roman d’Alberto Moravia Le Conformiste (1951), devient fasciste parce qu’il se sent coupable d’être différent des autres. Lutter contre le conformisme relève donc de la bonne politique mais ruine notre singularité. C’est ce que soutient le philosophe libéral Stuart Mill dans De la liberté (1859) : singer les autres, c’est atrophier nos talents propres. Or « la nature humaine n’est pas une machine […], c’est un arbre qui doit croître de tous côtés ». Aussi la démocratie bien comprise doit-elle favoriser l’initiative individuelle en éduquant au sens critique, car « toutes les bonnes choses qui existent sont le fruit de l’originalité ». C’est là la condition du progrès d’un peuple qui ne s’arrête que « quand il perd l’individualité ».
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On trouvera les premières pages du “Discours de la servitude volontaire”, suivies des passages les plus marquants du texte.