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Peter Sloterdijk en 2015. © Basso Cannarsa/Opale/Leemage

Entretien

Peter Sloterdijk : “Dans le passé, vous priiez ; aujourd’hui, vous avez votre téléphone portable”

Peter Sloterdijk, propos recueillis par Svenja Flaßpöhler publié le 13 janvier 2021 6 min

Le téléphone portable est le symbole de notre époque, selon le philosophe allemand Peter Sloterdijk, qui a livré une analyse en ce sens lors de son intervention au festival international de philosophie phil.cologne 2020. Pour lui, cet objet symbolise un renversement dans notre modèle de surveillance : alors que la discipline des individus fut, des siècles durant, dévolue à la conscience, sorte de regard divin intériorisé, les régimes contemporains en reviennent à des modes de surveillance externes. Explications.

 

Dans votre dernier ouvrage, Den Himmel zum Sprechen bringen (Suhrkamp, 2020, à paraître en mars prochain chez Payot en trad. fr. par O. Mannoni sous le titre Faire parler le ciel. De la théopoésie), vous soutenez que les hommes ont toujours cherché à faire parler les dieux.

Peter Sloterdijk : Oui. Vous ne permettez au ciel de se taire qu’un moment ; s’il reste muet trop longtemps, vous le faites parler. Les cultures de l’Antiquité ont toutes développé des méthodes pour piéger l’au-delà, pour l’obliger à faire des déclarations. Certaines cultures font par exemple parler les entrailles des animaux sacrifiés. L’objet le plus impressionnant que nous conservons et qui atteste de ces pratiques est une « carte » en bronze étrusque qui permettait aux prêtres de lire le foie d’un animal sacrifié comme un livre ouvert. Plus tard, d’autres ont commencé à voir le ciel comme une bibliothèque de signes qui nous parlent – pensez aux constellations, aux signes du zodiaque, imprégnés d’innombrables histoires populaires. D’autres cultures ont développé l’usage rituel de drogues pour forcer les dieux à s’exprimer à travers un véhicule individuel. Bref, les dieux n’ont jamais été laissés en paix !

 

Votre livre n’évoque pas seulement la parole du ciel, mais son regard : le ciel, c’est aussi l’œil divin qui observe constamment les individus. De quoi s’agit-il ?

Dans les premiers royaumes, la religion commune ne pouvait plus être implantée par une éducation en accord avec les anciennes coutumes tribales. Par conséquent, il fallait faire comprendre aux gens qu’ils étaient observés par les dieux célestes. La personne dont on a martelé, en premier, qu’elle était sous le regard absolu des dieux, fut le pharaon. Les dieux s’intéressent à lui ; leur regard plane en permanence au dessus de sa tête – il existe d’ailleurs de nombreuses représentations qui montrent que le pharaon existe au sein de l’attention divine. De cette manière surgit le fantasme d’une « archive » absolue, dans laquelle les actions des personnes importantes – du pharaon et de son entourage, et finalement, par démocratisation de l’au-delà, de chaque vie individuelle – sont consignées. Une fois son temps écoulé, l’individu est alors jugé à la lumière de ces « dossiers ». L’idée d’un Jugement dernier, telle que nous la connaissons par le biais de la tradition chrétienne, est préfigurée dans les mythes antiques, iraniens et égyptiens, du jugement des morts. Lors du jugement, l’individu doit exposer son cœur, le peser : le cœur est placé sur le panier d’une balance ; de l’autre côté, les mauvaises actions s’empilent. Lorsque ces dernières l’emportent, le cœur est donné à manger à un monstre qui attend, les mâchoires grandes ouvertes, derrière la porte de la cour. Les acquittés sont autorisés à retourner dans leur tombe. Les Égyptiens ne connaissaient pas de bonnes personnes, mais la figure de la bonne momie leur était familière !

Traduit par Octave Larmagnac-Matheron
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