L’intelligence artificielle est-elle “communiste” ? La “doctrine Peter Thiel” à la loupe
« Le crypto est libertarien, l’intelligence artificielle [IA] est communiste » : telle est la philosophie, binaire, à la racine de la compréhension du numérique de Peter Thiel, milliardaire de la “tech”, fondateur de PayPal, dont la première biographie est récemment parue aux États-Unis. Que recouvre cette opposition ? Et les choses sont-elles vraiment aussi tranchées ? Analyse.
Pour comprendre la formule de Peter Thiel, il faut d’abord décrypter ce qu’elle sous-entend. Ce que scénarise le magnat de la « tech » avec les mots « libertarien » et « communiste », c’est un clivage classique entre une approche interventionniste du politique, qui dériverait forcément vers une forme de totalitarisme (la peur viscérale du communisme aux États-Unis…), et une approche inverse, absolument non étatique. Lénine contre Ayn Rand, en quelque sorte. Comment interpréter, dans ce cadre, la tension entre intelligence artificielle et cryptomonnaie, qui correspondrait à cette opposition philosophique ? Dans les faits, n’en déplaise au patron de PayPal, ce partage binaire n’est pas aussi simple. Voici pourquoi.
L’usage totalitaire de l’IA : l’exemple de la Chine
Du potentiel étatisme totalitaire de l’intelligence artificielle, le monde contemporain donne un exemple particulièrement frappant : la Chine (qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de réflexion de Thiel, puisqu’elle est politiquement communiste). C’est exactement ce que décrypte l’essayiste allemand Kai Strittmatter dans son livre Dictature 2.0 : « Au début de l’année 2017, le Parti communiste chinois annonçait qu’il voulait rattraper son retard sur les États-Unis en la matière d’ici 2025. Ce ne sont pas des mots en l’air. Aucun autre pays ne s’est lancé dans le développement des big data avec une détermination aussi assumée. » L’intelligence artificielle, par sa capacité considérable de traitement de données, permet en effet le développement de dispositifs centralisés de surveillance et de contrôle inédit, dont l’État chinois tire grandement profit pour accroître son emprise jusque dans les moindres recoins de la vie privée. Elle permet d’englober la complexité de la réalité sociale dans un esprit unique pour mieux la dominer.
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