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Michel Rocard en 2008 (cc) Wikimedia Commons / Olivier Ezratty

Politique

Michel Rocard : “ Le parfum de la démocratie est ennuyeux ”

Michel Rocard, propos recueillis par Jean-François Duval publié le 31 août 2012 10 min

Michel Rocard, ancien Premier ministre, voit dans l’abstention record aux régionales de mars dernier une crise politique majeure et pointe du doigt le capitalisme. Entrée de la Turquie dans l’UE, rénovation du socialisme, perte d’influence de la France, chômage, économie en berne, Sarkozy et Berlusconi…, l’ex-député socialiste européen ne mâche pas ses mots. Et revient aux fondamentaux, avec Karl Marx et André Gorz.

 

L’abstention record aux élections régionales de mars dernier est-elle le signe d’une crise de la politique française ?

Michel Rocard : Ce n’est pas un problème français. Depuis quarante ans, dans tous les pays démocratiques, le taux d’abstention progresse. L’exemple le plus frappant est celui de la Pologne. Après le communisme, au tournant des années 1990, les taux de participation étaient de 70-80 %. Dix ans plus tard, ils sont inférieurs à 50 %. Il y a un malaise de la démocratie. En France, les votes utiles dépassent à peine le tiers de l’électorat. Très inquiétant ! Il n’est pas improbable qu’on en arrive à une situation où l’acte de gouverner devienne de plus en plus difficile. Selon mon ami américain Benjamin Barber, la démocratie aurait été inventée moins comme une réponse adaptée aux besoins de participation de l’espèce humaine de contrôler ce qui lui arrive, que comme un « placage » rationnel pour optimiser les choix de l’Homo economicus. La démocratie, née en même temps que la liberté de la presse et que l’économie politique, aurait été créée afin de ne prendre en compte l’homme que dans ses besoins quantifiables. Elle ne se mêle pas du reste : culture, affects, liens interpersonnels, temps libre, tout ce qui n’est pas monétarisé, bref tout ce qui fait la saveur et le cœur de nos vies. Si bien que le parfum de la démocratie est ennuyeux.

 

La France est-elle encore une république, une « chose publique » ? 

Foutez-nous la paix avec les grands mots ! [Rires] Bien sûr, la France est une république – mais qui ne marche pas bien.

 

Selon le philosophe Marcel Gauchet, le politique ne promet plus la réalisation de soi. Les individus préfèrent-ils la voie égoïste, consumériste ?

On peut le dire comme ça. Mais n’allons pas trop vite. Aristote disait que l’homme est un animal collectif. L’histoire nous montre un affrontement à peu près permanent entre les pouvoirs qui, succombant à la tentation, sont devenus absolus partout où cela a été possible, et les exigences des individus, qui s’y sont refusés. Je définirais le socialisme comme la recherche d’un équilibre entre ces deux propensions.

 

Alors même que le capitalisme est en crise, comment expliquez-vous que le socialisme reste en déclin en Europe ?

Ah, c’est une longue histoire, quoiqu’assez simple. Ne confondons pas le capitalisme, né au XIXe siècle, et l’économie de marché, vieille de 4 000 ans. À Athènes, à Rome, en Chine, on a vécu en économie de marché au sens d’une confrontation entre des individus. L’acheteur était une personne physique unique ; l’artisan ou le commerçant aussi. Le salariat n’existait pas. Il n’y avait pas de capitaux au sens où nous l’entendons. Deux inventions viennent bouleverser le système au XIXe siècle : la machine à vapeur et la société anonyme. L’une permet de faire travailler beaucoup d’hommes autour d’une seule source d’énergie. L’autre associe de nombreux épargnants, des « apporteurs en capitaux », disait-on, dans une même aventure. C’est ainsi que sont apparus actionnaires, patrons, salariés… Et un capitalisme, dans un premier temps, d’une brutalité inouïe ! Dix-sept heures de travail par jour, 4 000 par an ! Le socialisme est né dans la seconde moitié du XIXe siècle comme un cri de colère contre cette brutalité. Avec la durée du travail, pour premier combat.

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