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Le livre du jour

“Le Parjure et le Pardon, vol. II”, de Jacques Derrida

Frédéric Manzini publié le 01 décembre 2020 3 min

« On ne demande jamais pardon que pour l’impardonnable. » C’était fort de ce paradoxe que Jacques Derrida avait entamé son séminaire à l’EHESS en 1997-1998, retranscrit dans un premier volume paru l’an dernier et dans lequel il avait notamment insisté sur le caractère inconditionnel du pardon. Dans ce volume II, qui couvre les années 1998-1999, le philosophe de la déconstruction s’intéresse plus particulièrement à sa dimension politique : de Nelson Mandela (après la fin de l’apartheid) à Desmond Tutu (et la commission « Vérité et Réconciliation » toujours en Afrique du Sud) en passant par Bill Clinton (empêtré dans l’affaire Monica Lewinsky), l’actualité lui offre autant d’occasions de méditer sur le sens que revêtent le pardon et le parjure – puisque, selon lui, le pardon « est toujours pardon d’un parjure » – dans le grand théâtre du monde.

 

  • Le pardon rendu public. La première année du séminaire commençait par l’énoncé d’un seul mot : « pardon », prononcé comme dans l’intimité gênée d’un tête-à-tête. Pour la deuxième, « nous nous intéressons à la mondialisation de l’aveu », déclare Derrida dont la réflexion se tourne vers les discours de repentance qui ont commencé à se multiplier dans les années 1990 et qu’il appelle « l’heureuse vague mondiale des aveux et des déclarations de culpabilité passée et collective. » Mais que se passe-t-il exactement lors de ces grand-messes où le pardon se trouve mis en scène ? Le pardon, l’aveu et le repentir doivent-ils apparaître ou se faire entendre, ou au contraire doivent-ils rester secrets, silencieux et invisibles ? Quelle vérité et quelle libération peut-on attendre d’un pardon rendu public ?
  • Scène politique, scène judiciaire et scène religieuse. Sans apporter de réponse précise à ces questionnements, Derrida observe que ce pardon appelle une forme de théâtralité. Les rôles principaux – qu’il considère tantôt comme des « personnages », tantôt comme des « souverains » – échoient à des chefs d’État et à un archevêque : Nelson Mandela, Bill Clinton et Desmond Tutu. Les rôles secondaires reviennent aux victimes d’apartheid, de crimes, ou d’exactions diverses. Ici, c’est une Sud-Africaine qui ne se déclare pas prête à pardonner à ses bourreaux malgré l’injonction qui lui est faite par la commission et le gouvernement, rappelant ainsi que l’ordre du pardon échappe toujours aux institutions politiques. Là, c’est Monica Lewinsky dont Derrida se demande si elle est une Marie-Madeleine de notre temps. C’est que l’arrière-plan religieux n’est jamais loin dans l’écriture de Derrida, qui souligne que les acteurs qu’il étudie comme les philosophes qu’il mobilise (Hegel, Augustin) sont tous chrétiens, ce qui lui permet de faire l’hypothèse d’une « christianisation du processus mondial de l’aveu et du pardon. » 
  • « Ubuntu » En étudiant le discours de Desmond Tutu toutefois, Derrida met en avant un concept en particulier, difficilement traduisible en français : celui d’« ubuntu » [car non, « ubuntu » n’est pas seulement le nom d’un célèbre système d’exploitation en open source]. Désigne-t-il une « justice restauratrice » voire « rédemptrice » ? La connotation chrétienne d’une telle compréhension pourrait se révéler porteuse d’une « violence acculturante, pour ne pas dire coloniale », avertit le philosophe, qui souligne que le terme semble plutôt impliquer des notions de sympathie, de compassion et de reconnaissance de l’humanité en autrui. Entre le modèle christique fondé sur la Passion, les modèles juifs et musulmans et tous les autres qui ne tirent pas leur sens de la religion, il y a plusieurs cultures du pardon qu’il faut commencer par bien entendre pour que la parole qui demande pardon puisse être, à son tour, entendue.

 

Paru chez Seuil, Le Parjure et le Pardon, vol. II. Séminaire (1998-1999), de Jacques Derrida, fait suite au premier volume et est disponible ici.

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