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Biologie

Le métabolisme, au fait, qu'est-ce que c'est ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 14 septembre 2021 3 min

Puberté, crise de la cinquantaine, ménopause : et si ces grands découpages ne correspondaient pas à l’évolution de nos rythmes organiques ? C’est ce qu’affirme une étude récente, menée sur quarante ans, publiée dans la revue Science (en anglais) : « Cela peut sembler étrange, mais le calendrier des différentes périodes métaboliques de notre vie ne coïncide pas avec ces étapes majeures de l’existence », explique l’anthropologue Herman Pontzer.

Du point de vue du métabolisme, notre vie est découpée en quatre grandes étapes : entre zéro et un an, les échanges énergétiques croissent rapidement et atteignent un pic ; ils diminuent ensuite jusqu’à vingt ans, avant de se stabiliser. Commence enfin, autour de soixante ans, une phase de déclin, où se développent les maladies chroniques. Mais au fait, de quoi parle-t-on, lorsqu’on utilise le terme de « métabolisme » ? La réponse avec Hans Jonas (1903-1993).

 

  • Attestée dès 1858 en français, la notion de métabolisme s’est peu à peu imposée en biologie sans toutefois attirer, à de rares exceptions, l’attention des philosophes. La définition même du terme semble tellement étendue qu’elle se perd en généralités. Le métabolisme, c’est l’ensemble des processus chimiques qui se déroulent au sein d’un être vivant et qui lui permettent de se maintenir en vie, de se développer et de se reproduire. Consommation du milieu extérieur, production d’énergie, excrétion des déchets non assimilables : le métabolisme englobe l’ensemble du cycle de vie du vivant, de sa naissance à sa mort.
  • On peut même le considérer comme un quasi-synonyme de la vie, comme la détermination essentielle du vivant, souligne le philosophe allemand Hans Jonas dans Le Phénomène de la vie (1966). La vie métabolique se caractérise, écrit le philosophe, par « une capacité de la forme organique, celle de changer sa matière » constamment. La vie est metá bállô (μεταβάλλω) : elle se lance, sans cesse, au dehors d’elle-même, au delà d’elle-même ; elle n’existe que comme changement, comme modification, comme auto-altération. « La continuité métabolique doit être appréhendée comme un acte incessant. »
  • « Cet échange de matière avec l’environnement n’est pas une activité périphérique mise en oeuvre par un centre persistant : c’est le mode total de continuité (d’auto-continuation) du sujet vivant lui-même ». Le vivant est un flux sans support, qui n’est contenu par rien. Il ne possède pas « d’identité physique » ; il n’est pas, à la différence d’une « machine » alimentée en carburant, un « système inerte identique » à lui-même. L’ensemble du « système métabolique » est lui-même « le résultat entier et continu de l’activité métabolisatrice ». Mais ce résultat n’est jamais définitif : il continue de participer, comme au devenir incessant de l’organisme.
  • Cela ne signifie pas, cependant, que l’organisme, en tant que tout, soit dépourvu d’identité. Mais cette identité n’est pas matérielle. Hans Jonas la qualifie, allusivement, de « forme ». De ce point de vue, l’organisme est comme libéré de la matière : il procède d’une « émancipation » à l’égard de « l’immédiateté de l’identité matérielle ». Toutefois, cette émancipation est, en même temps, une aliénation. Car l’organisme doit, sans interruption, régénérer la forme qui est la sienne, qui ne cesse de se défaire. « La liberté de l’organisme est elle-même une nécessité singulière. C’est l’antinomie de la liberté à la racine de la vie jusque dans ses formes les plus élémentaires, celle du métabolisme ». La vie ne peut s’arrêter, car s’arrêter revient à mourir : « Son “pouvoir” est un “devoir”, puisque son exécution est identique à son être. Elle peut, mais elle ne peut cesser de faire ce qu’elle peut sans cesser d’être. » Paradoxale « liberté dans le besoin ».
  • Le pouvoir que l’organisme exerce sur sa propre production, cependant, évolue considérablement au cours de la vie. C’est ce que souligne la récente étude sur les âges énergétiques de l’existence humaine. L’organisme, peu à peu, fatigue. Il perd lentement la capacité singulière de se régénérer lui-même dans toutes ses parties. Dans le cadre jonasien, le développement des maladies chroniques, dans la dernière partie de la vie, peut donc être compris comme une surcharge croissante de matière statique. La tension qui ramène sans cesse l’individu vers sa « forme » et l’arrache à la fixité de la matière, faiblit peu à peu jusqu’à disparaître. L’organisme s’épuise et redevient peu à peu… pure matière. 
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