Le « dire vrai » de Nicolas Sarkozy, une mission impossible ?
L’ancien président promet de « dire la vérité » aux Français tout en reconnaissant que ces derniers ne croient plus aux arguments des politiques. Pour Michel Foucault, le courage de la vérité expose celui qui la profère au rejet, voire à la condamnation. Nicolas Sarkozy y est-il prêt ?
Nicolas Sarkozy, pour son retour en politique, a un nouveau cheval de bataille : la vérité. Il use et abuse du terme, notamment lors de l’entretien qu’il a accordé à France 2 le 21 septembre. Sa ligne est la suivante : ses deux concurrents pour les prochaines élections présidentielles mentent ou ont menti. François Hollande est fustigé pour sa « longue litanie de mensonges ». Marine Le Pen est accusée de dissimuler qu’elle a contribué à la victoire de François Hollande en 2012 en annonçant qu’elle voterait blanc.
Cette revendication de « dire vrai » est plutôt classique en politique. Ce qui l’est moins, c’est que Nicolas Sarkozy admet ne pas avoir les moyens de le prouver. S’il prononce souvent les termes « dire la vérité » et « mentir », il utilise plus encore celui de « croire ». Son analyse prend appui sur le constat suivant : « Les Français ne croient plus à la politique. » Pire, le « décrochage » du pays touche à la difficulté de recevoir une vérité. « Je suis inquiet, avoue-t-il, quand je vois des millions de gens qui décrochent d’une capacité à entendre tout raisonnement qui ne serait pas un raisonnement caricatural. » Comment, dans ce cas, les convaincre, « reconquérir ceux qui ne croient plus en rien » ? En leur disant la vérité, répond Sarkozy. Mais comment leur faire admettre qu’il s’agit bien de la vérité et non d’un mensonge de plus ?
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