Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

François Hollande en 2015 (cc) Flickr 

Politique / France

Jean-Claude Monod: “Le geste de François Hollande met la gauche devant sa responsabilité”

Jean-Claude Monod publié le 04 décembre 2016 3 min
Le renoncement de François Hollande à briguer un second mandat présidentiel, ce jeudi 1er décembre, est une décision inédite dans l’histoire de la Ve République. Quel est le sens de ce geste ? Décryptage avec Jean-Claude Monod, philosophe et auteur, entre autres, de “Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? Politiques du charisme” (Seuil, 2012).

Comment réagissez-vous à la décision de François Hollande, renonçant à se présenter pour un second mandat ?

Jean-Claude Monod : J’ai été positivement surpris par cette décision, comme beaucoup de monde. Cette surprise est peut-être le signe de notre perception dégradée du monde politique actuel : nous avons tendance à penser que la poursuite du pouvoir est irrésistible pour ceux qui l’occupent ou l’ont occupé, et que la lutte des egos l’emporte systématiquement sur les intérêts du pays ou d’un camp politique. On peut bien sûr voir dans le choix de Hollande la conclusion imparable d’un échec, mais son discours, digne et sobre, a réussi à transformer ce constat d’impopularité record en un geste de responsabilité, et d’avertissement à l’égard de son camp désuni – face à un double danger qui me semble réel, celui d’une droite très dure socialement et d’une extrême droite toujours dangereuse malgré son ravalement de façade. Le geste de Hollande met la gauche, et singulièrement celle qui estime que la gauche de gouvernement n’est pas une contradiction dans les termes, devant sa responsabilité.

 

Est-elle un signe de courage et de lucidité ou la simple résignation d’un « président normal », devenu le plus impopulaire de la Ve République ?

Se mettre dans la tête d’autrui n’est pas dans mes capacités. Je constate que l’on disait beaucoup, ces dernières semaines, qu’il faudrait que Hollande se berce d’illusions terribles pour se lancer dans une primaire et, à supposer qu’il passe ce premier cap, dans une élection dont l’issue était à l’évidence condamnée pour lui. Il paraît donc logique de lui reconnaître aujourd’hui une lucidité sur ce point. Pour le courage, on peut en débattre : le courage aurait pu consister à livrer bataille malgré tout, au risque de l’humiliation. Mais il y a aussi un courage du renoncement, celui du refus du déshonneur, de la quête du pouvoir à tout prix.

 

« Le dépla-
cement du social vers l’identitaire ne favorise pas un charisme de progrès »

Sur la scène politique actuelle, deux figures antagonistes semblent s’affronter : des leaders charismatiques et populistes, comme Donald Trump aux États-Unis, d’une part ; des dirigeants renonçant, comme François Hollande, ou austères, comme François Fillon, de l'autre. Peut-on encore croire à l’émergence d'un « grand homme » qui soit un « vecteur progressiste » en démocratie ?

Je m’interrogeais dans mon livre [Qu'est-ce qu'un chef en démocratie ? Politiques du charisme, Seuil, 2012] sur la possibilité de résurgences d’un « charisme démocratique » au sens d’un personnage capable d’exprimer les intérêts des dominés, de redonner souffle à l’expérience démocratique et d’en repousser les frontières, ou de combattre les inégalités, etc., comme ont pu le faire, en leur temps, Jaurès, Roosevelt, peut-être Lula ou Obama. Je ne vois pas pourquoi cette figure serait désormais impossible. Mais il est vrai que ce qu’on peut appeler « l’hégémonie culturelle » semble être passée, depuis quelque temps, à droite, et parfois à l’extrême droite. L’idée même de progrès est décrite comme complètement caduque, il n’est question que de déclin (national ou civilisationnel), de menace identitaire, et ce déplacement du social vers l’identitaire ne favorise pas, c’est le moins qu’on puisse dire, un charisme de progrès.

 

Qu’espérer de notre prochain « chef » ?

Qu’il montre, peut-être, qu’une autre politique économique que l’austérité ou qu’un néolibéralisme faiblement amendé est possible. Mais c’est là un souhait qui engage mes propres affinités politiques. Sur le plan plus général de la fonction présidentielle même, on peut attendre qu’une feuille de route claire soit donnée quant au partage des tâches entre le Président et le Premier ministre, que le chef de l’État ne se répande pas en confidences « off » vouées à parasiter l’espace public, qu’il assume la solennité - et la qualité de langage - de la fonction, qu’il garantisse la laïcité tout en excluant toute stigmatisation et qu’il joue un rôle de « leader apaisant » plutôt que de favoriser les passions tristes. 
 

☛ lire aussi le dialogue entre Jacques Attali et Jean-Claude Monod: les politiques sont-ils encore aux manettes?

Expresso : les parcours interactifs
En finir avec le mythe romantique
Cendrillon a 20 ans, elle est « la plus jolie des enfants ». Mais pas pour longtemps. Beauvoir déconstruit les mythes romantiques et les contes de fée qui peuplent encore aujourd'hui l'imaginaire collectif.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
6 min
Patrice Maniglier: “Hollande, une dégénérescence de la social-démocratie unique dans l’histoire des gauches”
Patrice Maniglier 06 décembre 2016

Pour le philosophe Patrice Maniglier auteur de la postface du “Livre des trahisons” (PUF, 2016), dressant un bilan circonstancié du quinquennat,…

Patrice Maniglier: “Hollande, une dégénérescence de la social-démocratie unique dans l’histoire des gauches”

Article
9 min
Jean-Claude Monod : “Macron, c’est l’Université en mode start-up”
Marius Chambrun 22 février 2022

Dans un discours prononcé le 13 janvier dernier à l’occasion du 50e anniversaire du congrès de la Conférence des présidents d’université, Emmanuel…

Jean-Claude Monod : “Macron, c’est l’Université en mode start-up”

Dialogue
13 min
Catherine Malabou-Jean-Claude Monod : être ou ne pas être gouverné ?
Martin Legros 12 janvier 2023

Face aux bouleversements provoqués par la crise écologique, les plateformes numériques ou le retour de la guerre, faut-il en appeler à l’État et…

Catherine Malabou-Jean-Claude Monod : être ou ne pas être gouverné ?

Article
16 min
François Hollande, Pierre Rosanvallon. Y a-t-il des idées pour sauver la gauche ?
Martin Legros 20 juillet 2012

Coupée du peuple et timorée dans ses résolutions… À l’heure où les primaires vont livrer leurs résultats, la maison socialiste paraît bien mal en…

François Hollande, Pierre Rosanvallon. Y a-t-il des idées pour sauver la gauche ?

Article
11 min
Jacques Attali, Jean-Claude Monod. Les politiques sont-ils encore aux manettes?
Jean-François Duval 17 janvier 2013

Jacques Attali est un familier des coulisses du pouvoir. Jean-Claude Monod vient de signer un essai sur le rôle du leader. S’ils s’accordent sur l’influence des diktats du marché et de l’opinion sur le politique, ils diffèrent sur les…


Article
9 min
Philippe Corcuff : “Si la gauche s’enferme dans le national, elle perd une partie d’elle-même”
Catherine Portevin 18 mars 2021

Bricolages d’idées, contradictions, ambiguïtés : pour Corcuff, avec l’effacement actuel du clivage droite/gauche, c’est la grande…

Philippe Corcuff : “Si la gauche s’enferme dans le national, elle perd une partie d’elle-même”

Dialogue
20 min
Jean-Luc Mélenchon-Michaël Fœssel. La gauche est-elle un parti de plaisir ?
Michel Eltchaninoff, Marius Chambrun, 16 février 2022

En pleine campagne présidentielle, nous avons proposé au candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon de dialoguer avec le philosophe…

Jean-Luc Mélenchon-Michaël Fœssel. La gauche est-elle un parti de plaisir ?

Article
7 min
Stamatios Tzitzis : “La responsabilité pénale est une idée qui naît avec la Modernité”
Ariane Nicolas 11 mai 2021

L’affaire Sarah Halimi a remis la responsabilité pénale au cœur du débat public. Un projet de loi doit permettre de juger des auteurs dont la…

Stamatios Tzitzis : “La responsabilité pénale est une idée qui naît avec la Modernité”

À Lire aussi
Démocratie sanitaire : l’échec ?
Démocratie sanitaire : l’échec ?
Par Charles Perragin
février 2021
Le décisionnisme moral de François Hollande
Le décisionnisme moral de François Hollande
Par Michel Eltchaninoff
janvier 2014
De l’impossible gentillesse dans l’exercice du pouvoir
Par Michel Eltchaninoff
avril 2013
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Jean-Claude Monod: “Le geste de François Hollande met la gauche devant sa responsabilité”
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse