Le “body count” : le grand retour du puritanisme ?
Demander le nombre de partenaires sexuels qu’une femme a eus au cours de sa vie : cette tendance signale un inquiétant retour du puritanisme. Que dit cette obsession de notre société ? L’enquête de Clara Degiovanni.
« Combien de partenaires sexuels avez-vous eu au cours de votre vie ? » C’est la question pour le moins intrusive que posent certains « influenceurs » sur le réseau social TikTok, à des inconnus dans la rue, en leur demandant leur « body count ». Ce terme anglais, qui signifie littéralement le « décompte des corps », désigne à l’origine le nombre de morts lors d’un événement grave : attentat, guerre ou catastrophe naturelle.
Misogynie décomplexée
En associant les partenaires sexuels à des victimes si ce n’est des cadavres, ce nouvel usage anglophone du terme body count révèle une vision d’emblée accusatrice de la sexualité. Il laisse entendre que le nombre de partenaires donne une information sur la valeur, voire la respectabilité d’une personne… et particulièrement d’une femme.
Le terme est marqué par ce que l’on appelle en sociologie un double standard. Autrement dit, une femme avec un body count élevé sera beaucoup plus critiquée qu’un homme : le mot rejouant ainsi l’opposition entre le « Don Juan », simple coureur de jupon, et la « putain », moralement dévaluée par sa vie sexuelle, réelle ou supposée. La jeune militante d’extrême droite Thaïs d’Escufon, anciennement porte-parole du mouvement politique Génération identitaire, accumule ainsi les tweets louant la pureté de celles qui affichent un body count « faible », contre l’inquiétante instabilité des femmes ayant eu davantage de partenaires au cours de leur existence.
Cette accusation va de pair avec une forme très violente et injurieuse de misogynie. Certains parlent de « meufs kilométrées », n’hésitant pas à associer des femmes à des voitures. La pratique est d’autant plus inquiétante qu’elle est adoubée par les spécialistes autoproclamés des rapports hommes/femmes sur les réseaux sociaux, à l’instar de Stéphane Édouard, expliquant qu’une femme ayant eu beaucoup de partenaires aurait forcément été éconduite par ces derniers. « Avant de vous vanter, pensez à ce que ça implique de vous et de la valeur que les hommes pensent que vous avez », assène-t-il sur sa chaîne TikTok.
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