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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Revue de presse

L’actualité des idées du vendredi 15 janvier

Octave Larmagnac-Matheron publié le 15 janvier 2021 6 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Au programme, cette semaine : une petite philosophie du vin, une redéfinition du proche et du lointain, un travail de distinction entre politiques du climat et politique de la biodiversité, deux analyses contradictoires de l’assaut sur le Capitole, et une exploration de l’origine microbienne de notre conscience.

  • « Le vin offre-t-il une expérience esthétique authentique qui est, du moins à certains égards, analogue à notre expérience des œuvres d’art ou de la nature ? » C’est la question, déroutante, que pose le philosophe Dwight Furrow sur le site 3 Quarks Daily (en anglais). Bon nombre d’amateurs de vins se sont, en tous cas, déjà demandé si « l’appréciation et la critique du vin est subjective ou objective », s’il était possible de dire qu’un vin est absolument bon. Question proprement philosophique, que posait déjà Emmanuel Kant à propos du beau, et qui en entraîne d’autres : si le vin à une qualité objective, universelle, comment expliquer que « la capacité de découvrir la gamme complète des propriétés esthétiques présentées par le vin demande de l’engagement, de la pratique » – et l’acquisition d’un langage spécifique pour le décrire. Le plaisir esthétique ne devrait-il pas être immédiat ? Ne devrait-il pas s’imposer à nous comme une évidence, et non à travers d’innombrables médiations culturelles, d’innombrables « conventions » ?

Pourquoi c’est grisant ? Parce que la « philosophie du vin » de Furrow témoigne de ce que la philosophie ne cesse de s’enrichir en se penchant sur des « problèmes pratiques ». Si le philosophe prend le risque de « sortir de sa tour d’ivoire », de s’ouvrir à la vie concrète, il découvrira peut-être que « le vin façonne notre rapport à la nature, au passage du temps, notre concept du bon goût, nos identités morales et nos concepts de beauté. »

 

  • « On ne se soucie jamais suffisamment de ses proches, car c’est à travers eux, dans ce corps-à-corps des présences, que nous nous sentons vivre », affirme la philosophe et psychanalyste Hélène L’Heuillet dans AOC. Cependant, en abolissant la distance physique, en lui substituant la règle de la distanciation, la crise sanitaire a « amen[é] chacun à redéfinir qui étaient ses proches ». L’occasion, aussi, de repenser la proximité elle-même. « Nous ne savons ordinairement pas qui sont nos proches, ni pourquoi et en quoi ils sont proches. » Nous oublions, en particulier, leur altérité irréductible au motif que nous appartenons au même groupe, au même « entre-soi » replié sur lui-même. En réalité, la proximité est, non une exaltation de la similitude, mais un creusement de la différence. « Si le plus proche est aussi le plus inconnu, il ne faut pas opposer les siens et les autres, mais tenir ses proches pour des autres. »

Pourquoi c’est pertinent ? Parce que L’Heuillet travaille un mot du quotidien – les proches – pour en dévoiler toute la profondeur, pour en dégager la complexité. 

 

  • « Les politiques du climat et de la biodiversité sont, depuis longtemps séparé », affirme la biologiste Clare Taylor sur le site Eurozine (en anglais). Cette séparation a conduit l’humanité à privilégier la question environnementale – qu’elle menace directement sa survie – au détriment du problème de la biodiversité, qui apparaît souvent comme une question plus anecdotique : si nous avons le luxe de préserver l’abondance et la multiplicité de la vie tant mieux, mais ce n’est pas ce qui compte en premier lieu. Et pourtant… Destruction de l’environnement et destruction des espèces partagent d’innombrables causes communes. De plus, comme l’a montré la crise du Covid-19, la biodiversité n’est pas un luxe mais un facteur indispensable à la « santé humaine » : la déforestation qui pousse les espèces sauvages (comme les chauves-souris) à migrer, à s’installer parmi les hommes, le développement de l’élevage concentrationnaire qui offre aux maladies des possibilités de mutation très rapides, notre consommation excessive de médicaments qui augmente la résistance des virus, menacent directement le futur de l’humanité.

Pourquoi c’est éclairant ? Parce que l’on a tendance à mélanger tous les problèmes en matière d’écologie !

 

  • De quoi l’assaut des militants pro-Trump sur le Capitole est-il le nom ? Débat de haut vol entre deux intellectuels majeurs. Dans le New York Times, l’historien Timothy Snyder y voit le signe que Trump est parvenu à construire une « réalité alternative » dans laquelle ses militants sont enfermés (en anglais). « Comme les leaders fascistes historiques, Trump se présente comme l’unique source de vérité », alors qu’il « ment sans cesse. […] Croire en l’ensemble de ses mensonges, c’est accepter son autorité unique ». Tout est faux en dehors de ce « gigantesque mensonge » martelé sur l’ensemble des supports de communication - Trump n’est pas, en ce sens, un relativiste : il ne défend pas la diversité des opinions. Pour se sortir de cette crise, l’Amérique doit reconquérir un monde commun, en réaffirmant le « pluralisme des médias » et en muselant le président sortant. Dans e-flux, le philosophe Franco « Bifo » Berardi conteste l’analyse de Synder (en anglais) : « La crise américaine n’est pas générée par les effets pervers de la communication de masse ». La vraie question n’est pas celle de la stratégie du mensonge généralisé utilisée par Trump, mais celle du succès de cette stratégie. Réponse : « l’humiliation et le ressentiment » des « Blancs américains » qui « s’accrochent désespérément » à un mode de vie qui n’est plus soutenable (et ne le fut jamais) : un mode de vie ancré dans « la nature raciste du pays le plus violent de tous les temps ». 

Pourquoi c’est passionnant ? Parce que l’assaut sur le Capitole, ses causes, sa signification mettent en échec les catégories traditionnelles de la pensée politique. Le débat qui se tisse entre Snyder et Berardi permet d’y voir plus clair !

 

  • « L’axe cerveau-microbiome intestinal, en tant que système d’interaction complexe, est […] responsable de l’émergence de notre conscience » : c’est la thèse provocante que défend le doctorant en relations internationales Radek Vana dans la revue scientifique Inquiries (en anglais). « Nous ne sommes jamais seuls », rappelle-t-il pour commencer. « Nous ne sommes jamais seuls car nous partageons tous notre corps avec des milliards de micro-organismes symbiotiques », notamment intestinaux, qui sont responsables du bon fonctionnement de l’essentiel de nos « fonctions physiologiques ». Nous ne sommes pas des « individus unitaires » mais des « holobionte », qui se développent par symbiose. Pourquoi ne pas supposer, alors, que nos fonctions psychiques, elles aussi, ne naissent pas seulement de ce que nous possédons un encéphale, mais de l’interaction intime, « bidirectionnelle », que cet encéphale entretient avec la population microbienne de nos corps ? Certaines expériences témoignent, après tout, que des souris élevées dans un environnement stérile manifestent de nombreuses « déficiences dans le développement neuronal » !

Pourquoi c’est stimulant ? Parce que, alors que l’on considère en général la conscience comme étant la marque par excellence de l’individualité d’un être vivant, Radek Vana inscrit cette individualité dans une multiplicité plus originaire : la relation plutôt que la substance. 

 

Paralipomena

◉ « Y a-t-il eu consentement ? Y a-t-il eu une forme de réciprocité ? » s’est demandé Alain Finkielkraut mardi sur LCI, au sujet de l’affaire Olivier Duhamel. La banalisation du viol de trop, pour la chaîne où il était chroniqueur régulier, et qui a donc décidé de se passer de ses services. Pour rappel, la loi française ne reconnaît pas la notion de consentement lorsqu’une relation sexuelle intervient entre un adulte ayant autorité et un mineur de moins de 15 ans. ◉ « Twitter ne doit rien à ceux qui s’y expriment », a affirmé mercredi Raphaël Enthoven sur Europe 1 à propos de l’éviction de Trump du réseau. « Je ne vois rien de choquant dans le fait qu’un réseau social se prive de la parole d’un séditieux, d’un voyou, d’un type appelle à l’insurrection, qui est un pompier pyromane. » Et d’ajouter : Twitter n’est ni « un droit », ni « un service public », mais « une entreprise privée avec des règles, avec une charte, qui est parfaitement fondée à exclure celui qui ne les respecte pas. » ◉ Sur Twitter, toujours, l’essayiste Eugénie Bastié se demande, en réaction aux propos de la comédienne et chanteuse Camélia Jordana, qui affirmait dans L’Obs cette semaine, « Si j’étais un homme, je demanderais pardon » : « Dois-je demander pardon à mon fils de cinq mois de l’avoir fait naître dans un monde où il devra demander pardon du seul fait d’exister ? » ◉ C’est sur une note plus positive que Bruno Latour a tenu à conclure l’entretien qu’il a accordé ce matin à la Matinale de France Inter : « Tout n’est pas foutu, au contraire. On est dans une période extraordinairement intéressante. » ◉

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