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© Richard Dumas pour PM

Bruno Latour : “Je crois en une philosophie empirique”

Patrice Bollon publié le 30 juin 2010 14 min

Philosophe, anthropologue, sociologue des sciences, Bruno Latour se définit comme l’un des rares pragmatistes français. Célébré à l’étranger, mal connu en France, celui qui a politisé les sciences aime démêler le vrai du faux, et s’intéresse aussi bien au droit, à la morale qu’à la politique, à tous ces lieux où s’élabore la vérité.

À l’étranger, quand on demande à un intellectuel réputé quels noms il retient de la pensée française, il est l’un des quatre ou cinq le plus souvent cités. Il collectionne d’ailleurs les titres de docteurs honoris causa et les prix pour son œuvre. Bruno Latour n’a, hélas ! pas la même aura en France. On ne le lit guère et on le commente aussi peu.

Ce Bourguignon, né à Beaune en 1947, issu de la famille des célèbres négociants en vins Louis Latour, n’a pourtant rien d’un marginal. Docteur en philosophie, il a toujours eu une place dans l’institution universitaire, d’abord au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), puis à l’École des mines de Paris ; enfin, depuis 2007, à Sciences-Po, où il occupe le poste central de directeur scientifique, en charge de la réflexion sur les orientations à long terme de l’école et de la gestion de ses 200 chercheurs. Auteur d’une quinzaine de livres, il s’est bâti une solide réputation dans la sociologie des sciences, mais aussi au-delà. Car son travail aborde autant la réflexion sur les sciences et les techniques que l’anthropologie et la philosophie politique. Là réside peut-être la raison de sa confidentialité. Bien qu’elle ne soit ni hermétique ni jargonnante, son œuvre a longtemps paru éclatée, alors qu’avec le temps, sa cohérence apparaît. Bruno Latour n’aime aussi rien tant que débusquer nos classifications et autres idées toutes faites,  ce qui en déroute, voire scandalise, plus d’un ! C’est un inlassable questionneur qui dynamite notre vision des sciences, de la société, de la politique, des relations entre les peuples, pour la renouveler.

 

Philosophie magazine : On vous présente, en général, comme un sociologue des sciences parce que vous vous êtes fait connaître, à la fin des années 1970, avec une enquête sur les procédures scientifiques concrètes d’un laboratoire de recherche californien. Mais on pourrait vous dire aussi sociologue tout court, puisque vous avez analysé ensuite, selon un point de vue similaire, des objets technologiques (le métro Aramis), le droit (le Conseil d’État), la religion… Ce qui fait qu’on vous considère parfois comme un anthropologue des sociétés modernes. Certains soutiennent pourtant que vous avez toujours été un philosophe, un métaphysicien même, comme le montre l’ouvrage que vous préparez sur la notion de « modes d’existence » reprise à Étienne Souriau. Alors comment doit-on vous appeler ?

«Ce que nous tenons pour une philosophie des sciences est une philosophie politique, soit une certaine répartition entre ce que l’on discutera et ce que l’on ne discutera pas»

Bruno Latour : Tous les labels que vous avez énumérés me conviennent ! Je dirai que je commence par la philosophie, je finis par elle, et, entre, je continue en douce d’en faire, mais en utilisant les méthodes des sciences sociales, en particulier la méthode ethnographique – et sur des terrains très divers. Ma loyauté de discipline va à la sociologie des sciences, aux Science studies, mais le fond de mon intérêt reste la philosophie et sa partie la plus intéressante, la métaphysique. Comme beaucoup, j’ai donc plusieurs affiliations, mais je suis d’une obstination et d’une ligne quasi obsessionnelles. Depuis trente-cinq ans – je sais que je vais étonner mes rares lecteurs français, contraints de rechercher mes livres aux rayons « philosophie », « sociologie », « droit », voire en « spiritualité » ! [Rires] –, j’ai un plan, très cohérent, et je le remplis de façon systématique.

 

Quel est ce plan ?

Ce qui m’intéresse depuis toujours, c’est de comprendre ce que j’appelle les différents « modes d’énonciation » – je dis aussi les « régimes de véridiction », permettant de distinguer le vrai du faux – des divers lieux où s’élaborent les vérités les plus essentielles à nos sociétés contemporaines, les sciences, mais également les techniques, le droit, la religion, etc. Car il n’y a pas de raison globale : il n’y a que ces modes d’énonciation particuliers à chaque secteur d’activité que, sous l’influence de Souriau, j’appelle -désormais des « modes d’existence ». Au fond, il s’agit là d’un programme d’anthropologie philosophique, avec, par instants, des étapes plus réflexives ou plus théoriques. Pour tout dire, je n’ai jamais fait de différence entre philosophie et sciences sociales. Je crois qu’on peut aborder des questions philosophiques vraiment intéressantes par autre chose que des lectures de textes, par le terrain. Je crois au caractère irremplaçable de la description, en une philosophie empirique.

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Article issu du magazine n°41 juillet 2010 Lire en ligne
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