« La guerre préserve la santé morale des peuples » Hegel, Principes de la philosophie du droit (1821)

Blaise Bachofen publié le 3 min

Selon le théoricien de l’État, les citoyens doivent être prêts à mourir pour leur pays, au nom des valeurs qui les dépassent en tant qu’individus.

« Une bonne guerre, voilà ce qu’il leur faudrait ! » Cette sentence emblématique a donné son titre à un album de Cabu mettant en scène le Grand Duduche, symbole de ces jeunes nonchalants, enfants gâtés de l’Europe pacifiée, qui gagneraient, selon les « beaufs », à vivre l’expérience du danger vital et de l’héroïsme national. Cette idée, facilement caricaturable, a pourtant été formulée philosophiquement. Hegel, dans un article de 1803 sur le « droit naturel », écrit que « la guerre préserve la santé morale des peuples ». Il reprend et commente cette phrase, des années après, dans les Principes de la philosophie du droit (paragraphe 324).

On peut certes chercher à atténuer le propos hégélien. Il faut le replacer dans le contexte de l’admiration qu’a suscitée la mobilisation des citoyens français bataillant, entre 1792 et 1802, contre les monarchies alliées, l’aventure napoléonienne prolongeant, selon Hegel, cette ardeur révolutionnaire. Et on doit noter que le philosophe allemand a, par la suite, nuancé son point de vue, privilégiant l’idée d’un « patriotisme de tous les jours », selon la formule du philosophe J.-F. Kervégan (voir Hegel, Carl Schmitt, PUF). Mais cette idée d’une valeur morale de la guerre n’est pas seulement circonstancielle. Elle s’enracine dans une réflexion sur le sens de l’existence humaine.

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