Pourquoi “le peuple” n’existe pas
Dans son dernier ouvrage, Contre le peuple (Séguier, 2020), le philosophe qui aime être détesté Frédéric Schiffter démonte la notion de « peuple » dont tant d’intellectuels et de politiques se revendiquent désormais. Il le trouve ce terme à la fois absurde d’un point de vue logique, et détestable, introuvable du point de vue social. En plus, Schiffter n’aime rien tant que détester le vulgus. Un écrit plutôt courageux, qui lui vaudra sans nul doute beaucoup d’amis supplémentaires…
Au nom du peuple. « L’idée m’est venue de savoir de qui ou de quoi, au juste, j’étais prétendument l’ennemi – et, partant, l’allié », lance Frédéric Schiffter dans son avant-propos. D’emblée, le philosophe pose le débat sur le terrain épistémologique et choisit son camp : entre les réalistes et les nominalistes, qui se sont opposés durant la « querelle des universaux » au Moyen Âge, l’auteur se pose clairement du côté nominaliste. Il n’y a pas, selon lui, de peuple réel, seulement un terme qui désigne une réalité parcellaire et mouvante. « Le mot “peuple”, qui suggère un être à la fois pluriel et unifié dont politiciens et intellectuels de tous bords se proclament les amis, ne renvoie, en toute rigueur, à personne. » Que l’on soit, politiquement, pour ou contre le populisme, on fait donc fausse route, puisqu’on se réclame d’une notion fantôme. « Ce mot n’étant qu’un vent de bouche, un blabla, il en résulte que le grief d’“ennemi du peuple” qu’on a retenu contre moi revient à me blâmer de n’être l’ennemi de personne – sauf, je le concède, des donneurs de leçons. »
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