La corruption : scandale politique ou phénomène naturel ?

Un « Qatargate » ? C’est un tout cas un énorme scandale qui a éclaté au Parlement européen après des soupçons de corruption : la vice-présidente grecque Eva Kaili et trois autres personnes ont été écrouées, fortement soupçonnées d’avoir reçu des pots-de-vin pour faire la promotion de l’émirat dans l’Union européenne. L’occasion de revenir aux différents sens du concept de corruption dans la philosophie grecque…

La corruption économique et les pots-de-vin

Le terme de corruption revêt aujourd’hui un sens presque exclusivement économique et juridique : il désigne l’activité illicite consistant à détourner une charge d’intérêt public pour en tirer un bénéfice personnel. C’est exactement l’enjeu de l’enquête qui actuellement menée, puisque certains membres de l’Assemblée législative communautaire sont soupçonnés d’avoir favorisé le Qatar et influencé les décisions de l’institution européenne en contrepartie de valises entières de billets qui auraient été retrouvées au domicile de certains d’entre eux.

Entendue en ce sens-là, la corruption qui se paye en pots-de-vin est un problème tenace, vieux comme le monde – ou au moins comme la Cité, dont elle met en péril le bon fonctionnement. C’est ainsi que Platon par exemple, au livre XII de son ouvrage Les Lois, se montrait particulièrement intransigeant à l’égard de ceux qui reçoivent des cadeaux et dont le législateur qu’il est estime qu’ils méritent… rien moins que la mort :

“Ceux qui sont au service de la patrie doivent la servir sans recevoir de présents, sous quelque prétexte que ce soit […] Le plus sûr est d’écouter la loi et de ne point servir pour recevoir des présents. Celui qui l’aura violée et sera convaincu en justice sera tout simplement mis à mort”